Loi spéciale : qui sont les Français qui paieront plus d’impôts ?

Publié par Suruthi Srikumar
le 24/12/2025
Loi spéciale : qui sont les Français qui paieront plus d’impôts ?
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Adoptée ce mardi 23 décembre par les députés et sénateurs, la loi spéciale visant à sortir de l’impasse budgétaire aura des conséquences concrètes : près de 200 000 ménages entreront dans l’impôt ou verront leur imposition augmenter.

Face à l'impasse politique et l'échec de la commission mixte paritaire sur le Projet de loi de finances (PLF), l'Assemblée nationale et le Sénat ont finalement adopté un texte d'urgence ce mardi. Si cette mesure écarte le spectre d'un "shutdown" à l'américaine au 1er janvier, elle enclenche mécaniquement une hausse fiscale silencieuse.

Éviter la paralysie : un service minimum assuré

L'adoption de ce texte, confirmée ce 23 décembre 2025, n'est pas une victoire politique mais une nécessité administrative. Comme le précise Le Parisien, cette procédure encadrée par l'article 47 de la Constitution permet à l'État de continuer à fonctionner en reconduisant temporairement le budget 2025. Concrètement, cela autorise le gouvernement à lever l'impôt et à payer les fonctionnaires ou les retraites.

Cependant, il ne s'agit que d'une solution d'attente. Amélie de Montchalin, ministre des Comptes publics, a tenu à avertir sur BFMTV : la loi spéciale "n'est pas un budget, c'est un service minimum qui ne peut pas durer sans conséquences lourdes sur la vie du pays et des Français", rapporte La Charente Libre. L'exécutif espère désormais faire voter un budget définitif courant janvier 2026 pour sortir de cette zone de turbulences.

Le piège invisible du gel du barème

Le revers de la médaille de cette reconduction à l'identique est l'absence de mesures correctrices habituelles. En temps normal, le barème de l'impôt est revalorisé pour suivre l'inflation. Or, la loi spéciale fige les seuils de 2025. C'est ici que réside la conséquence du gel du barème de l'impôt sur le revenu : vos revenus de 2025, qui ont probablement augmenté pour suivre l'inflation, seront taxés selon une grille qui, elle, n'a pas bougé.

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Ce mécanisme crée un effet de ciseau redoutable. C'est l'explication simple de pourquoi le barème de l'impôt n'est pas revalorisé en 2026 : juridiquement, la loi spéciale ne permet pas d'introduire de nouvelles dispositions fiscales favorables. Par ailleurs, comme le souligne La Provence, ce texte bloque également les nouveaux investissements, gelant des aides comme MaPrimeRénov ou les crédits pour les armées.

200 000 foyers basculent dans l'impôt

L'impact chiffré de cette inertie législative est désormais connu et risque de surprendre de nombreux contribuables. Selon les estimations de Bercy relayées par Capital, 200 000 foyers qui étaient jusqu'alors non-imposables vont devoir passer à la caisse en 2026. C'est le résultat direct de l'impôt sur le revenu 2026 et son augmentation mécanique liée à l'inflation : en gagnant un peu plus pour compenser la hausse des prix, ces ménages franchissent le seuil d'entrée de l'impôt.

Pour les finances publiques, c'est une opération blanche très lucrative. Les conséquences de la loi spéciale sur le budget de l'État se traduisent par une recette supplémentaire estimée à 1,9 milliard d'euros. Roland Lescure, ministre de l'Économie, a résumé la situation avec une métaphore culinaire acide citée par Boursorama : le texte "permet au fond de limiter le bon gras, mais elle laisse prospérer le mauvais gras et le risque de dégradation du déficit". Il illustre ainsi comment le gel du barème rend 200 000 foyers imposables sans que cela soit le fruit d'une réforme assumée.

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