Budget 2026 : le gouvernement persiste à vouloir surtaxer les grandes entreprises
La trêve des confiseurs n'aura pas lieu. Alors que le Parlement a dû adopter une loi spéciale provisoire le 23 décembre pour éviter le "shutdown" et garantir le fonctionnement de l'État, la bataille des chiffres reprend de plus belle, alors que les débats à l'Assemblée ne reprendront que le 5 janvier. Dès la rentrée, l'exécutif compte bien remettre sur la table son arme principale pour assainir les comptes : une contribution exceptionnelle des plus grosses sociétés françaises.
Combler un écart de neuf milliards
L'équation budgétaire est simple, mais douloureuse. À l'issue des travaux du Sénat, le texte actuel prévoit un déficit public de 5,3 % du PIB, un chiffre jugé "inacceptable" par le ministre de l'Économie Roland Lescure. Pour le gouvernement, il est impératif de revenir à la cible initiale. Le ministre chargé des Relations avec le Parlement, Laurent Panifous, avait affirmé sur France 2 avant même l'adoption de la loi spéciale : "Nous avons à l’issue des travaux du Sénat un texte qui est à 5,3 % de déficit, c’est beaucoup trop. L’objectif partagé à gauche et à droite est de 5 %, ça veut dire neuf milliards d’écart. Le débat est sur 'comment on répartit ces neuf milliards'."
Il a ensuite précisé que le retour de la surtaxe sur les bénéfices des grandes entreprises serait la clé de voûte pour récupérer cette somme. Cette mesure, supprimée par la Chambre haute, redevient donc la priorité absolue des discussions qui reprendront à l'Assemblée nationale. Or, il n'y a évidemment pas que les sénateurs qui sont vent debout contre cette mesure. C'est aussi le cas de fleurons français comme LVMH, TotalEnergies, Vinci ou L'Oréal entre autres, rappelle Sud Ouest.
Cibler les géants du chiffre d'affaires
Concrètement, qui va payer ? Le dispositif vise à ne pas peser sur les PME ou les entreprises de taille intermédiaire. Le gouvernement a clarifié quelles entreprises seront concernées par la surtaxe 2026 : il s'agit des sociétés réalisant un chiffre d'affaires supérieur à un milliard d'euros. Selon les estimations de Bercy, cela représente environ 400 groupes en France.
L'objectif est de dégager des recettes comprises entre quatre et six milliards d'euros. Initialement, cette contribution devait rapporter 8 milliards en 2025, avant d'être reconduite en 2026 avec des taux divisés par deux. Cependant, le rejet de la surtaxe par le Sénat pour le budget 2026, motivé par un refus du « matraquage fiscal » et la défense de la compétitivité du "made in France", avait ramené ce rendement à zéro rapporte La Tribune, creusant mécaniquement le déficit.
Choisir entre impôt et coupes budgétaires
Le mois de janvier sera donc décisif pour la stabilité économique du pays. Au-delà des chiffres, il s'agit de définir la stratégie de redressement : faut-il augmenter les recettes ou sabrer davantage dans les dépenses ? Si le gouvernement parvient à imposer cette surtaxe, l'effort d'économie supplémentaire demandé aux ministères pourrait être réduit de 3 à 5 milliards d'euros. À l'inverse, sans ces recettes, de nouvelles coupes drastiques dans les services publics deviendraient inévitables pour respecter l'objectif de déficit public à 5%.
En attendant le vote définitif, les conséquences de la loi spéciale pour le budget 2026 se font déjà sentir : ce texte provisoire permet à l'État de continuer à payer les fonctionnaires et à percevoir les impôts, mais interdit tout investissement nouveau. Une situation d'attente précaire qui ne pourra pas s'éterniser sans menacer la note de la dette française sur les marchés.