Impôts : combien les riches paient-ils vraiment ?
Depuis l’ouverture des discussions autour du Budget 2026, la question de la taxation des plus hauts patrimoines alimente les débat. Les socialistes réclament un renforcement de la justice fiscale, une exigence partagée par une majorité de Français selon les sondages. Dans ce climat, le "Portrait social" de la France publié mardi par l’Insee apporte un éclairage précis sur la situation des ménages les plus aisés. On fait le point.
Un taux d'imposition en baisse malgré des revenus en hausse ?
C'est le constat choc établi par l'Insee : entre 2003 et 2022, le taux d'imposition moyen des 0,1 % des foyers les plus aisés est passé de 29,2 % à seulement 25,7 %. Dans le même temps, l'évolution du revenu des foyers fiscaux aisés en France a été spectaculaire. Leur revenu annuel moyen, qui atteignait 1 million d’euros en 2022, a progressé de 4,7 % par an en moyenne sur cette période, contre 2,0 % pour le reste des foyers fiscaux.
Selon les données de la Direction générale des finances publiques (DGFiP), "la progression est nettement plus soutenue pour les foyers les plus aisés : 6,9% pour le dernier dixième (10% les plus riches), 12,9% pour le dernier centième (1% des plus hauts revenus) et jusqu’à 21,8% pour le dernier millième (0,1%)", rapporte Capital.
Des revenus en forte hausse pour les plus riches depuis presque 20 ans
Le taux moyen d’imposition de ces foyers très aisés a reculé, comme nous vous le rappelions plus haut. Cette évolution s’explique d’abord par la baisse de la tranche marginale d’imposition la plus élevée, de 48,09 % en 2006 à 45 % en 2012, puis par l’instauration du prélèvement forfaitaire unique à 30 % sur les revenus du capital depuis 2018. "Mais attention, leur contribution réelle n’a pas baissé, bien au contraire. Elle a simplement augmenté moins rapidement que leurs revenus", indique Capital.
"En 2022, les foyers à très hauts revenus contribuent à hauteur de 10,7 milliards d’euros aux recettes d’impôt sur le revenu, soit 13% du total de cet impôt, une part quatre fois supérieure à leur part dans l’ensemble des revenus, soulignent les auteurs de l’étude. En comparaison de 2003, les foyers à très hauts revenus participent en 2022 encore plus fortement à l’impôt sur le revenu que leur poids dans le revenu."
Pour les 10% les plus riches, les chiffres sont encore plus parlants. "Les 9,9% des foyers les plus aisés hors foyers à très hauts revenus, contribuent à hauteur de 61% aux recettes fiscales, pour un poids dans les revenus de 31%", rapporte encore Capital.
Mais quel est le profil de ces Français très aisés ?
Pour comprendre cette dynamique, il est essentiel de s'intéresser au profil des 0,1% des foyers les plus aisés selon l'Insee. En 2022, le seuil d'entrée pour appartenir à ce cercle restreint de 40 700 foyers était fixé à 463 000 euros de revenu annuel. La moitié de ces contribuables sont franciliens, principalement localisés à Paris et dans les Hauts-de-Seine.
Il s'agit de populations généralement plus âgées, et composées à 82 % de couples mariés ou pacsés. Leur fortune est également considérable. L'Insee révèle que le pourcentage de ménages à haut patrimoine et haut niveau de vie est significatif : 73 % d'entre eux possèdent des biens immobiliers autres que leur résidence principale. De plus, 62 % de ces foyers déclarent avoir bénéficié d'un héritage au moins une fois dans leur vie, contre 39% pour l'ensemble des ménages, soulignant le rôle de la transmission dans la constitution de ces très hauts patrimoines.