Val-d’Oise : après la tornade, les escrocs du bâtiment ciblent les sinistrés

Publié par Elise Laurent
le 22/10/2025
Couvreur
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À peine quelques heures après la tornade qui a ravagé le Val-d’Oise, des dizaines de faux couvreurs ont envahi les quartiers sinistrés. Profitant de la détresse des habitants, ils proposent leurs services à prix fort, sans devis ni facture.
 

Dans l’allée des Coquelicots à Ermont (Val-d’Oise), le calme n’est pas encore revenu après la tornade qui a tué une personne et blessé quatre autres, lundi 20 octobre. Mais ce mardi matin, une autre menace rôde : celle des faux couvreurs. Alain, 74 ans, en a vu défiler plus d’une dizaine. “Ce sont des vautours”, grince-t-il auprès du Parisien.

La veille, la tornade a éventré le toit de sa maison sur plusieurs mètres. Sous la pluie et dans l’urgence, il accepte qu’un inconnu installe une bâche pour 500 euros. “Bien sûr, il fallait payer tout de suite et en carte bleue !”, ironise-t-il. Depuis, les démarcheurs se succèdent dans le quartier des Espérances, frappé de plein fouet par la tempête.

Des tarifs entre 500 et 800 euros

Alain n’a reçu ni facture, ni preuve de paiement. Pire : le couvreur improvisé n’avait même pas de bâche sur lui. “Ils ont pris celle qu’une voisine m’a donnée”, déplore-t-il. Le retraité évalue que l’homme a gagné “2 500 euros en une soirée car il a pu s’occuper d’au moins cinq maisons”. Un travail “de gougnafier”, lâche-t-il.

Autour de lui, d'autres habitants sont approchés dans la rue, parfois plusieurs fois. Des couvreurs autoproclamés, venus d'autres régions, proposent des tarifs allant “entre 500 à 800 euros”, sans même voir les dégâts. “Ils profitent”, s’énerve Alain. Pour lui, “certains abusent du malheur des autres”.

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Plus loin, Monique, une sexagénaire, découvre cinq publicités pour des services de couverture dans sa boîte aux lettres. “25 m’ont proposé leurs services depuis hier soir. Ce matin, c’est encore plus infernal. Ce sont des charognards”, dénonce-t-elle auprès du Parisien. Elle aussi parle de démarcheurs “très insistants”.

Démarchage agressif et abus de faiblesse

Certaines tentatives vont plus loin. Une jeune femme affirme que des hommes ont frappé chez sa voisine âgée en prétendant être “des agents de la mairie”. D’autres se font passer pour des assureurs. La mairie d’Eaubonne a dû alerter sur les réseaux sociaux : “Nous venons d’intercepter des escrocs se faisant passer pour des assureurs sur la route de Saint-Leu”, écrit-elle.

Josiane, retraitée, a payé 500 euros la pose d’une bâche. Depuis, elle ouvre à chaque coup de sonnette, bien qu'elle n’ait plus besoin d’aide. “J’ai compris depuis qu’il fallait faire attention. Certains ne paraissent pas très honnêtes”, dit-elle au quotidien. Un sentiment partagé par son voisin Alain.

Son couvreur habituel, enfin contacté, est catégorique : “C’est une centaine d’euros la pose de bâche d’urgence. C’est du dépannage dans une situation comme celle-ci”, assure-t-il. Après avoir comparé les toitures d’Alain et de Josiane, il ajoute : “Les deux en ont eu pour 500 euros alors que l’une des maisons a un petit trou”.

Une pratique bien connue des escrocs

Jonathan Durand, avocat en droit immobilier à Paris, prévient dans Le Parisien : en cas de sinistre, "c’est l’assurance qui mandate des professionnels". Il déconseille de signer quoi que ce soit sous pression "des entreprises repèrent le bon coup, et proposent leurs services sans devis, sans contrat".

Il alerte également sur les méthodes des escrocs : absence de devis, paiement immédiat par carte, fausse identité. "Le secteur des travaux, c’est un nid d’escrocs. Les gens profitent du fait que les sanctions pénales sont rares. Cela peut être considéré comme de l’abus de faiblesse", explique-t-il.

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