Les régions françaises où l'on est le plus mal-logé

Publié par Julien Pinardi
le 16/12/2025
Moisissure
Istock
Le mal-logement ne concerne pas uniquement les sans-abri, mais concerne désormais le quotidien de millions de Français. Alors que 35 % des ménages affirment avoir eu froid chez eux en 2025, les dernières données officielles révèlent une carte de la précarité surprenante, où la capitale et les zones rurales partagent le podium. Décryptage.
 

Le mal-logement, ce n'est pas nouveau, s'installe durablement dans l'Hexagone. Selon le dernier rapport de la Fondation pour le Logement des défavorisés (ex-Fondation Abbé Pierre), 4,2 millions de personnes sont mal-logées en France. Ce chiffre alarmant englobe ceux qui subissent l'insalubrité, la privation de confort ou un espace de vie bien trop exigu.

Cette situation critique se traduit par une sensation physique directe : le froid. En 2025, plus d'un tiers des Français déclarent avoir souffert des températures basses à l'intérieur même de leur domicile. Une statistique en hausse qui dessine une nouvelle géographie de la pauvreté, reliant de manière inattendue les immeubles haussmanniens parisiens aux maisons en pierre de nos campagnes.

Paris et la Creuse : pourquoi ce triste record ?

Si l'on imagine souvent la précarité énergétique cantonnée aux banlieues ou aux quartiers populaires, les données de l'Insee et de l'ONRE bousculent les idées reçues. En effet, le classement des régions les plus mal-logées de France place côte à côte deux territoires que tout semble opposer : Paris et la Creuse.

C'est un fait surprenant : la capitale et le département rural affichent tous deux environ 35 % de passoires thermiques dans leur parc immobilier. Ils figurent ainsi, aux côtés du Cantal (32 %), parmi les départements avec le plus de passoires thermiques DPE F et G. Comment expliquer une telle similitude ? Dans la "diagonale du vide", c'est souvent l'absence de rénovation due à la faible valeur immobilière des biens qui fige la situation. À Paris, c'est la structure même du bâti ancien, souvent antérieur à 1948, qui transforme les appartements en gouffres énergétiques.

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Vieux murs et surpeuplement : les racines du problème

Pour comprendre pourquoi la Creuse a autant de passoires thermiques que Paris, il faut regarder au-delà des simples factures. Dans les zones rurales peu dynamiques, les propriétaires hésitent à investir des sommes colossales dans l'isolation d'une maison dont le prix de vente restera bas. C'est un piège financier autant que thermique.

À l'inverse, en Île-de-France, la problématique se double d'une crise de l'espace. La région capitale est la championne historique de la suroccupation. L'Insee définit le "surpeuplement accentué" comme le fait de vivre dans un logement où il manque deux pièces ou plus par rapport à la taille du ménage. Face à la cherté des loyers, de nombreuses familles n'ont d'autre choix que de s'entasser, rendant les solutions contre le surpeuplement du logement en Île-de-France particulièrement complexes à mettre en œuvre sans une politique massive de construction.

Cette précarité a un coût immédiat : les impayés. En 2024, le nombre d'interventions pour factures impayées a bondi de 24 %, atteignant près de 1,2 million de coupures ou réductions de puissance. Une situation intenable pour les ménages les plus fragiles.

Rénovation et échéances : comment éviter le mur de 2026 ?

Face à ce constat, le calendrier législatif s'accélère, imposant aux propriétaires et aux locataires de se préparer. Vous l'aurez compris, la lutte contre la précarité énergétique et l'augmentation des factures en 2026 est devenue une priorité absolue. La loi Climat et Résilience a déjà enclenché le mouvement : depuis 2025, il est interdit de louer les logements les plus énergivores (classés G).

Les conséquences de l'interdiction de location des DPE G en 2025 sont déjà visibles sur le marché : de nombreux biens sortent du parc locatif ou sont vendus avec une décote, forçant les propriétaires à réagir. Pour les locataires, c'est la garantie théorique d'un logement plus décent, mais le risque de pénurie de biens s'accroît à court terme.

Pour ne pas subir cette transition de plein fouet, il est impératif de se saisir des dispositifs existants. Les aides MaPrimeRénov' pour la rénovation des logements anciens, tant qu'elles existent, restent le levier principal pour financer l'isolation, le changement de chauffage ou la ventilation. Que vous soyez en Creuse ou à Paris, réaliser un Diagnostic de Performance Énergétique (DPE) est la première étape pour identifier les travaux prioritaires et éviter que votre logement ne devienne, légalement et thermiquement, une épave.

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