Bouilloires thermiques : vivez-vous dans ces logements où la chaleur devient invivable en été ?
On connaissait les “passoires thermiques” pour les hivers glaciaux, il faut désormais apprendre à vivre avec les “bouilloires thermiques”, ces logements devenus invivables en période de fortes chaleurs. Selon la Fondation pour le Logement des Défavorisés (ex-Fondation Abbé Pierre), plus de 55 % des Français déclaraient avoir eu trop chaud chez eux en 2023, un chiffre en hausse de 26 % depuis 2013. Et avec les épisodes caniculaires de plus en plus précoces, cette proportion continue de grimper.
Contrairement à ce que l’on pense souvent, la précarité énergétique ne s’arrête pas aux mois froids. Absence de volets, orientation plein sud, logements sous les toits sans ventilation, manque d’espaces verts… Les critères d’un logement de ces logements sont nombreux. Le Diagnostic de Performance Énergétique (DPE) commence à intégrer cette notion via un indicateur de confort d’été, mais reste encore trop imprécis, avec seulement trois catégories : "bon", "moyen", "insuffisant".
Les jeunes, les précaires, et les urbains en première ligne
Cette précarité énergétique estivale frappe d’abord les plus vulnérables. Les moins de 25 ans sont les premiers touchés : 71 % souffrent de la chaleur en été, selon une enquête Ipsos/RTE. Vivant souvent dans de petits logements mal isolés, ils sont les premières victimes de ces habitations surchauffées.
Mais ils ne sont pas seuls. Les mères célibataires, les personnes âgées et les ménages modestes sont également très exposés, particulièrement dans les zones urbaines où le béton retient la chaleur et où les espaces verts se font rares. Une étude parue dans Lancet Planet Health et partagée par actu planète désigne Paris comme la capitale européenne la plus à risque face aux canicules, en raison de sa densité et de son manque d’espaces végétalisés.
Et les témoignages se multiplient. À Villeurbanne, Anthony vit dans un appartement sous les toits : “Il fait 45 °C dans mon appart, c’est invivable. Mon ventilateur a fondu, je dois dormir ailleurs” a-t-il déclaré à l’Humanité. À Paris, Célia, aide-soignante, vit avec sa fille dans un 22 m² : “Je suis constamment énervée, je n’en peux plus de cette chaleur.”
Vers une interdiction de location des bouilloires thermiques ?
Face à cette urgence, une proposition de loi "Zéro logement bouilloire" sera déposée à l’Assemblée nationale dans les prochains jours. Portée notamment par le député socialiste Emmanuel Grégoire, elle vise à interdire progressivement à la location les pires bouilloires thermiques d’ici 2030. Un nouveau critère d’ "indécence" des logements pourrait ainsi faire son entrée dans la législation, au même titre que les passoires thermiques aujourd’hui.
Le texte prévoit aussi l’affichage obligatoire du confort d’été dans les annonces immobilières, une facilitation de l’installation de protections solaires en copropriété, et même une interdiction des coupures d’électricité pour impayés en été, actuellement interdites seulement en hiver.