Chèque énergie : l’aide de l’Etat bientôt supprimée ?

Publié par Matthieu Chauvin
le 03/09/2025
Femme âgée sans chauffage
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Lundi 1er septembre, l'UFC-Que Choisir révélait que le Chèque énergie, distribué par l'Etat à 20 % des ménages les plus pauvres comme aide au chauffage, était sur la sellette, ce dès 2026. L'association de consommateurs s'est insurgée contre cette possibilité après un premier coup de rabot survenu en 2024. Et compte bien le défendre jusqu'au bout !
 

L'association de consommateurs UFC-Que Choisir, défend depuis des années l'utilité du Chèque énergie. Aussi, il n'est pas surprenant que le "Billet de la Présidente" publié le 1er septembre, soit très inquiétant pour les 20 % de ménages les plus modestes qui bénéficient chaque année, sous conditions de ressources, de ce coup de pouce qui les aide à payer leur facture de chauffage ou à réaliser des travaux de rénovation (isolation, pose de pompe à chaleur...). 

Car Marie-Amandine Stévenin, la "présidente" de l'UFC, indique dans ce billet avoir consulté un rapport qui remettrait "le principe même du dispositif" en cause, dès 2026. Il pourrait ainsi disparaître.

Le Chèque énergie considéré comme une atteinte à l'environnement

Marie-Amandine Stévenin y précise donc qu'un "rapport consacré à l’articulation entre aides publiques et enjeux environnementaux" a été rendu public cet été "par l’Inspection générale des finances (IGF) et l’Inspection générale de l’environnement et du développement durable (IGEDD)." 

On peut y lire que le Chèque énergie serait un dispositif "de soutien à la consommation d’énergie (allant) à l’encontre de la sobriété énergétique" et une "dépense fiscale dommageable à la biodiversité."  Des conclusions bien pratiques au moment où le gouvernement, toujours en place, cherche à réaliser 44 milliards d'euros d'économies l'année prochaine ?

Une augmentation de la précarité énergétique à prévoir ?

La précarité énergétique est une réalité dans notre pays, qui, nous aimons à le répéter, reste la 6e puissance mondiale... Il n'y a pas que les ménages modestes qui ont du mal à passer un hiver au chaud. L'UFC-Que Choisir rappelle que "Selon l’Observatoire National de la Précarité Énergétique (ONPE), 41 % des ménages ayant déclaré avoir eu froid en 2024 l’expliquent par la nécessité de limiter le chauffage pour des raisons financières." 

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Et cela ne va pas s'arranger avec l'augmentation du prix de l'abonnement de l'électricité (via sa TVA, désormais à 20 % au lieu de 5 5 %) le 1er août dernier par exemple...

Une économie d'argent public déguisée en argument écologique ?

Cette mesure visant à supprimer le Chèque énergie (qui rappelons-le est de 277 euros seulement par ménage) ne va, pour la présidente de l'association Marie-Amandine Stévenin, "aucunement à l’encontre de la sobriété énergétique", beaucoup de nos concitoyens étant déjà contraints de réduire leur consommation d'électricité, de gaz, ou de fioul... 

Cette aide, toujours selon Marie-Amandine Stévenin permet "à des personnes aux faibles ressources – pour lesquelles chaque euro compte et qui sont donc loin de gaspiller l’énergie – de vivre décemment."

Le paradoxe du nouveau diagnostic de performance énergétique

L'UFC-Que Choisir pointe un paradoxe gênant, qui ne va pas vraiment dans le sens d'une évolution positive pour l'environnement : "La réforme en cours du coefficient d’énergie primaire du DPE portée par le gouvernement risque de faire sortir artificiellement près d’un million de logements chauffés à l’électrique du statut de passoire énergétique, et de priver les locataires qui y habitent du bénéfice du gel des loyers !" Et ajouterait un peu plus de précarité financière à la précarité énergétique... 

Mais rien n'est joué tant que le gouvernement Bayrou n'est pas tombé, et l'UFC annonce d'ores et déjà qu'elle se tiendra prête à réagir à toute tentative de modification du dispositif.

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