Chèque énergie : pourquoi vous n'y aurez peut-être plus droit en 2026

Publié par Pierre-Antoine Martel
le 06/06/2025
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Istock
Le chèque énergie, soutien précieux pour des millions de ménages modestes, pourrait connaître un sérieux coup de frein dès 2026. Une réforme discrète de ses modalités, combinée à une baisse du budget alloué, menace l’accès à cette aide essentielle pour nombre de foyers en difficulté.

Un dispositif en perte de vitesse

Généralisé en 2018, le chèque énergie permet de régler les factures d’électricité, de gaz, de fioul, ou certains travaux de rénovation énergétique. Son montant, compris entre 48 et 277 euros, varie selon les revenus et la composition du foyer. Mais en 2025, le système vacille : le budget passe de 900 à 720 millions d’euros et l’envoi des chèques est exceptionnellement repoussé à novembre, avec huit mois de retard sur le calendrier habituel.

Chèque énergie 2026 : un changement aux lourdes conséquences

Jusqu’à présent, l’attribution se fondait sur les occupants du logement. Désormais, elle sera basée sur le foyer fiscal du titulaire du contrat d’électricité. Une nuance de taille : cette nouvelle règle pourrait priver d’aide de nombreux profils (colocataires, personnes hébergées, étudiants rattachés à un autre foyer fiscal) qui n’apparaîtront plus automatiquement dans les radars du dispositif.

Des précédents qui inquiètent

En 2024, la suppression de la taxe d’habitation avait déjà rendu difficile l’identification des bénéficiaires. Résultat : près d’un million de personnes éligibles n’avaient pas reçu leur chèque. Un guichet en ligne avait été mis en place pour tenter de rattraper le tir, mais moins d’un cinquième des ayants droit concernés s’en étaient servis. Un scénario similaire se profile pour 2026, alors que les chèques ne seront plus automatiquement envoyés à tous les bénéficiaires potentiels.

Une aide figée face à l’inflation énergétique

Le montant du chèque, inchangé depuis 2019, ne suit pas la réalité des prix. Entre 2019 et mars 2025, le tarif de base de l’électricité a grimpé de 41,5 %. Sans revalorisation, le pouvoir d’achat énergétique des ménages aidés est en chute libre. Plusieurs voix appellent à une augmentation d’au moins 40 % du montant pour compenser cette hausse.

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Un risque accru de précarité énergétique

On parle de précarité énergétique lorsqu’un foyer consacre plus de 10 % de ses revenus à se chauffer ou à s’éclairer, ou lorsqu’il subit une sensation de froid chez lui. En cause : logements mal isolés, factures trop élevées, revenus insuffisants. En France, près de 12 millions de personnes sont concernées. Ce phénomène s’aggrave avec la hausse des prix de l’énergie, mettant en péril le confort, la santé et parfois même la dignité des plus vulnérables.

Avec des critères durcis, une enveloppe budgétaire réduite et une aide qui n’évolue pas, le chèque énergie pourrait perdre une grande partie de son efficacité. En l’état, des milliers de foyers risquent de basculer dans la précarité énergétique, sans toujours avoir connaissance qu’ils auraient pu prétendre à un soutien. Du reste, la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR) et le Conseil national des associations familiales laïques (Cnafal) expriment leurs préoccupations quant aux "trous dans la raquette" que ces nouvelles règles pourraient engendrer, craignant que de nombreux ménages ne soient pas repérés automatiquement et soient ainsi exclus du dispositif, comme le souligne CNEWS.

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