"Goulag numérique" : Emmanuel Macron accusé de vouloir censurer les réseaux sociaux

Publié par Matthieu Chauvin
le 26/12/2025
Emmanuel Macron 2025
abacapress
© Abdullah Firas/ABACA
Dans une charge d'une virulence rare, le fondateur de la messagerie russe Telegram s'en prend directement à Emmanuel Macron et à l'Union européenne, dénonçant une dérive autoritaire visant à contrôler les communications des citoyens et à censurer les réseaux sociaux. Contre lesquels le président de la République est en croisade depuis plusieurs mois.
 

Alors que les relations se tendent entre l'Europe et les géants de la Tech, Pavel Durov, le fondateur de la messagerie Telegram, a publié ce 25 décembre 2025 une série de messages incendiaires sur le réseau social X, nous apprend Le Figaro. Il y accuse Emmanuel Macron de vouloir transformer le continent en un "goulag numérique", pointant du doigt les nouvelles régulations européennes, avec le soutien d'Elon Musk.

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Une attaque frontale contre l'exécutif français

L'accusation de Pavel Durov envers Emmanuel Macron est grave : l'entrepreneur estime que le chef de l'État cherche à museler l'opposition. "Confronté à des taux de popularité extrêmement bas, Macron tente de faire taire les critiques en ligne [...] par le biais de la censure (DSA) et de la surveillance de masse (Chat Control)", a-t-il affirmé, liant directement l'impopularité politique du président à une volonté de contrôle de l'information. Dans sa ligne de mire figure également Thierry Breton. L'ancien commissaire européen est qualifié par Durov d'"architecte sanctionné (sic) de la loi européenne sur la censure" et d'allié proche (mais aussi... de serviteur) du président français. 

Cette sortie intervient dans un contexte explosif : elle fait suite aux déclarations d'Emmanuel Macron soutenant celui qui fut aussi ministre de l'Economie, récemment visé par une interdiction de séjour aux États-Unis par l'administration Trump. Pour Durov, pourtant naturalisé en 2021 mais qui avait quitté la France pour Dubaï en mars 2025 après des déboires judiciaires sur notre territoire, le duo Macron-Breton incarne désormais le visage d'une dérive liberticide.

La guerre de la souveraineté numérique déclarée

Ce bras de fer illustre la fracture grandissante entre la volonté de souveraineté numérique européenne et l'hégémonie américaine. Washington, via le secrétaire d'Etat Marco Rubio, accuse les "idéologues européens" de vouloir censurer les plateformes US à travers ses régulations relate Solutions numériques, justifiant ainsi les mesures de rétorsion contre les officiels européens.

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Au cœur du débat se trouve le DSA (Digital Services Act). Si l'Europe présente ce texte comme un bouclier contre la désinformation et la haine en ligne, ses détracteurs y voient un outil de censure politique. La question de l'équilibre entre la réglementation numérique et la liberté d'expression est devenue centrale : jusqu'où l'État peut-il aller pour réguler les contenus sans porter atteinte au débat démocratique ? 

Quand Emmanuel Macron appelait à "mieux s'informer"

Emmanuel Macron, lui, dénonce une "intimidation" étrangère, mais pour Pavel Durov, c'est bien l'Europe qui menace ses propres citoyens. Le milliardaire franco-russe, rapporte Le Figaro, rappelle les propos récents du président, qui affirmait que "les Européens avaient 'tout à fait tort d’utiliser les réseaux sociaux pour s’informer' et qu’ils devraient plutôt se fier aux journalistes et médias traditionnels'."

Et nos confrères de conclure : "Selon le fondateur de Telegram, cette prise de position a renforcé l’idée que les régulations en cours visent davantage à encadrer le débat public qu’à protéger les utilisateurs."

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