Est-ce vraiment plus rentable de vivre des aides sociales que de travailler ?

Publié par Elise Laurent
le 09/12/2025
Aides sociales
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La Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) vient de publier son étude annuelle, révélant un écart de revenus de 800 euros entre une personne au RSA et une personne au Smic grâce à la prime d'activité.
 

Dans son édition 2025 de l'étude "Minima sociaux et prestations de solidarité - Ménages aux revenus modestes et redistribution", la Drees compare le revenu disponible entre une personne seule percevant le RSA et une autre travaillant à temps plein au Smic, en se basant sur les chiffres de janvier 2025. Cette analyse détaillée montre comment les aides sociales, et notamment la prime d'activité, assurent que le retour à l'emploi reste toujours financièrement avantageux. 

Le travail, toujours plus rémunérateur que l'inactivité

Chaque année, la publication de la Drees offre un panorama complet des dispositifs de redistribution sociale en France. L'édition 2025, qui utilise les données de référence du 1er janvier 2025, réaffirme un principe fondamental : "De manière générale, quelle que soit la composition familiale, le revenu disponible augmente avec le salaire et il est plus élevé avec un salaire au Smic que sans salaire". Cette conclusion s'appuie sur le rôle majeur des prestations sociales, qui ont permis de diminuer le taux de pauvreté de 6,9 points en 2022. L'étude met en lumière l'impact de ces aides pour les 9,1 millions de personnes considérées comme "pauvres" en France.

Jusqu'à 824 euros d'écart de revenu, cas par cas

Pour illustrer concrètement l'écart de revenu entre le Smic et le RSA en janvier 2025, la Drees présente plusieurs cas types. Pour une personne seule et locataire, la différence est particulièrement nette. Sans emploi, son revenu disponible s'élève à 873 euros par mois, se décomposant en 572 euros de RSA et 301 euros d'aides au logement (APL). Si cette même personne travaille à temps plein au Smic, son revenu disponible grimpe à 1 673 euros, incluant un salaire net de 1 426 euros et 246 euros de prime d'activité. La différence nette est donc de 800 euros par mois en faveur de l'activité. 

L'avantage est encore plus marqué pour les familles. Le revenu disponible d'une famille monoparentale au Smic avec deux enfants atteint 2 544 euros, contre 1 720 euros sans revenu d'activité. Dans ce scénario, l'écart s'élève à 824 euros, confirmant la force du système de redistribution pour soutenir les travailleurs modestes.

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La prime d'activité, au cœur du dispositif

Le calcul du revenu disponible avec la prime d'activité est la clé de voûte de ce système incitatif. Versée par la Caisse d'allocations familiales (CAF), cette prestation a été spécifiquement conçue pour que la reprise d'un emploi se traduise par un gain financier immédiat et significatif. C'est bien son ajout au salaire qui creuse l'écart avec les minima sociaux. 

Malgré cette incitation financière claire, l'étude de la Drees rappelle qu'un seul bénéficiaire sur cinq parvient à sortir durablement des minima sociaux d'une année sur l'autre. Pour renforcer l'accompagnement vers l'emploi, la loi plein-emploi a d'ailleurs généralisé depuis le 1er janvier 2025 l'inscription automatique à France Travail pour tous les nouveaux demandeurs du RSA, afin de les orienter plus rapidement vers un parcours d'insertion.

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