Pouvoir d’achat : vers une hausse du Smic en 2026 ?
Comme chaque année, le groupe d'experts sur le Smic a rendu son verdict, et celui-ci est sans appel : il recommande de s'en tenir à la revalorisation mécanique, sans y ajouter de hausse. Cette tradition est bien ancrée, puisque le dernier "coup de pouce" gouvernemental remonte à juillet 2012. Si le Premier ministre Sébastien Lecornu prendra la décision finale par décret, l'avis des experts est quasiment toujours suivi.
Une revalorisation automatique du Smic
La hausse prévue au 1er janvier 2026 devrait donc se limiter à 1,4 %. Actuellement de 1 426,30 € net par mois (1 801,80 € brut), ce montant augmentera d'une vingtaine d'euros dès le 1ᵉʳ janvier 2026. Cela représente une augmentation d'environ 25 euros bruts par mois, soit un gain net de moins de 20 euros pour les salariés concernés. D'après les chiffres de fin 2024 rapportés par Les Echos, près de 2,2 millions de salariés du secteur privé sont directement impactés par cette revalorisation annuelle.
Une formule de calcul stricte
Le calcul de la revalorisation automatique du Smic pour 2026 repose sur deux critères définis par le Code du travail. Le premier est l'évolution de l'indice des prix à la consommation pour les 20 % de ménages les plus modestes (estimée à +0,8 %). Le second correspond à la moitié du gain de pouvoir d'achat du salaire horaire de base des ouvriers et employés (+0,6 %). La somme de ces deux valeurs aboutit à la prévision de 1,4 %.
Pour justifier l'absence de geste supplémentaire, le rapport invoque plusieurs freins, dont le "ralentissement du marché du travail". Parmi les raisons du SMIC déjà élevé par rapport au salaire médian, les experts soulignent un ratio qui atteignait 62,5 % en 2024, un niveau supérieur à celui de nombreux pays comparables. Ils pointent également le "coût très important des exonérations" de charges patronales sur les bas salaires, qui pèse sur les finances publiques.
Les experts arguent que "le Smic aura progressé plus vite que les prix en cumul sur les cinq dernières années", alors que "de nombreux salaires supérieurs au Smic n’ont pas encore récupéré la totalité de leur pouvoir d’achat d’avant la période inflationniste, entraînant une compression significative de la structure salariale", rapporte Midi Libre.
6 milliards d’euros d’économies possibles ?
"Le Smic doit rester un point de départ dans la carrière et permettre d’accéder à des emplois mieux rémunérés", souligne Stéphane Carcillo, président du groupe d’experts, rappelant que la France est le pays de l’Union européenne où le salaire minimum se rapproche le plus du salaire médian (2 183 € net dans le secteur privé en 2023), rapporte Midi Libre.
Pour éviter l’effet de "trappe à bas salaires", les experts proposent de ramener progressivement le plafond ouvrant droit aux exonérations de cotisations patronales à deux Smic. En septembre, le gouvernement avait déjà décidé de le réduire à 3 Smic, contre 3,3 auparavant. Selon eux, cette mesure pourrait générer environ 6 milliards d’euros d’économies sur les allègements de cotisations, qui coûtent aujourd’hui près de 75 milliards par an.