Décès de Brigitte Bardot à 91 ans : la fin d'une icône, de "BB" à la Madrague, ses derniers combats et confidences
C’est une page de l’histoire de France qui se tourne, emportant avec elle une part de notre insouciance. Le monde du cinéma et les défenseurs de la cause animale sont en deuil : la Fondation Brigitte Bardot a annoncé, ce dimanche 28 décembre 2025, la disparition de sa présidente. L’éternelle idole, qui résidait à La Madrague, s’est éteinte à l’âge de 91 ans. Immédiatement, le Président de la République a salué la mémoire d’un "symbole de liberté française", tandis que les hommages affluent pour célébrer celle qui fut tour à tour sex-symbol planétaire et militante acharnée.
Le mythe, devenu recluse par choix, laisse derrière lui une empreinte indélébile. Si le public garde en mémoire les images solaires de Saint-Tropez, ces dernières années furent marquées par un combat plus intime et douloureux contre la vieillesse. Retour sur le crépuscule d'une vie hors du commun.
Quel était l'état de santé de Brigitte Bardot ces derniers mois ?
Les inquiétudes concernant Brigitte Bardot et son état de santé avant son décès n'ont cessé de croître tout au long de l'année 2025. L'icône avait dû faire face à plusieurs hospitalisations en octobre et novembre, officiellement pour une "légère intervention chirurgicale" et des convalescences parfois agitées. Pourtant, fidèle à son tempérament de feu, elle refusait de se laisser enterrer avant l'heure. Fin novembre, face à la rumeur grandissante, elle avait fait publier un communiqué cinglant via sa fondation : "Elle aimerait que l’on ait la délicatesse de respecter son intimité, et invite tout le monde à se calmer", rapportait l'AFP.
Malgré cette combativité, la réalité physique était pesante. Celle qui ne se déplaçait plus qu'avec des béquilles depuis 2018 avait confié sa lassitude. Lors de ses 90 ans, en septembre 2024, elle avouait au Parisien avec une lucidité désarmante : "Ma vie n'est pas rigolote". Un aveu rare pour celle qui a fini ses jours loin des projecteurs qu'elle fuyait, préférant le silence de ses murs à la fureur du monde.
Pourquoi a-t-elle quitté le cinéma si tôt ?
Il est difficile pour les jeunes générations de comprendre l'onde de choc que fut "BB". Révélée par Roger Vadim dans Et Dieu… créa la femme en 1956, elle n'a pas seulement joué la comédie, elle a incarné une révolution des mœurs. De la coiffure "choucroute" au bikini qu'elle a popularisé, elle fut l'égérie d'une liberté explosive, confirmant son immense talent dans Le Mépris de Godard.
Cependant, beaucoup se demandent encore pourquoi Brigitte Bardot a arrêté sa carrière en 1973, alors qu'elle n'avait que 39 ans et 45 films à son actif. La réponse résidait dans son dégoût profond pour le star-système. Elle se sentait traquée, utilisée. "Toute ma vie j'ai été machinée, truc-muchée, photographiée comme personne au monde n'a pu l'être", expliquait-elle encore récemment. Ce départ n'était pas un caprice, mais une question de survie pour celle qui portait les "cicatrices" d'une surexposition permanente.
Que va devenir la Fondation après sa disparition ?
Sa seconde vie, dédiée aux animaux, fut sans doute la plus essentielle à ses yeux. Dès 1986, elle vendait ses bijoux et souvenirs pour créer la Fondation Brigitte-Bardot, obtenant des victoires majeures comme l'interdiction de l'importation de peaux de phoques. L'avenir de cette structure est aujourd'hui la préoccupation majeure de ses admirateurs. Sur ce point, la star avait tout prévu. L'héritage de Brigitte Bardot après sa mort ne sera pas une bataille d'ego, mais la poursuite stricte de son œuvre.
Lors des dernières confidences de Brigitte Bardot sur sa fondation, elle se montrait catégorique : "La fondation me survivra parce que j'ai fait le nécessaire pour qu'elle me survive", assurait-elle à Nice Matin en août 2024. Jusqu'au bout, elle aura géré ses dossiers, mue par un sentiment d'urgence absolue pour ses protégés : "Je veux gagner pour les animaux ! Je n'ai plus le temps d'attendre !".
Entre polémiques et isolement, qui était la vraie BB ?
Au-delà de l'icône, il y avait la femme de La Madrague, vivant simplement, "comme une fermière", loin de la modernité technologique — elle ne possédait ni ordinateur ni smartphone. C'est dans ce cadre préservé que s'organisait pour Brigitte Bardot à la Madrague une vie recluse avec ses animaux, ses seuls véritables confidents.
Cette existence en marge n'a toutefois pas effacé les zones d'ombre. L'hommage national ne doit pas occulter les condamnations de Brigitte Bardot pour propos racistes et incitation à la haine raciale qui ont ponctué la fin de son parcours public. Ses prises de position tranchées et ses amitiés politiques ont souvent divisé, créant un clivage entre l'actrice adorée et la militante controversée. Aujourd'hui, c'est toute cette complexité qui s'en va, laissant la France orpheline de sa plus grande star, aussi lumineuse qu'indomptable.