310 milliards : la somme folle que s'apprête à emprunter l'État en 2026

Publié par Matthieu Chauvin
le 30/12/2025
Ministère des finances Bercy
Istock
L'Agence France Trésor a officialisé un programme d'emprunt historique de 310 milliards d'euros pour 2026, un record absolu qui pourrait alourdir la fiscalité et le coût du crédit pour les Français. Une décision prise dès le mois d'octobre et permise par la loi spéciale votée le 23 décembre. Explications.

C'est un chiffre qui donne le vertige et qui témoigne de la situation délicate des finances publiques françaises. Pour assurer son fonctionnement et honorer ses échéances, l'État a annoncé devoir lever 310 milliards d'euros sur les marchés en 2026, nous apprend Le Parisien. Pourquoi cet emprunt alors que la dette explose chaque jour un peu plus ? Pour pouvoir la financer...

Un financement assuré malgré l'incertitude politique

Confirmé par l'Agence France Trésor (AFT), "chargée de la gestion de la dette de l’État" poursuivent nos confrères, ce montant dépasse les 300 milliards d'euros de l'année précédente (et 285 milliards en 2024, déjà...), établissant un nouveau record (toutefois, même supérieur, il ne représentera "que" 10 % du PIB, comme en 2025). Fait notable, ce financement s'opère sans budget voté pour 2026 à ce stade. Pour éviter la paralysie, le gouvernement s'appuie sur la loi spéciale promulguée le 27 décembre, permettant à l'administration de continuer à émettre de la dette dès le mois de janvier.

Sur cette somme colossale, 175,8 milliards d'euros serviront uniquement à rembourser les dettes anciennes arrivant à échéance rapporte Le Figaro. L'AFT a par ailleurs précisé que ladite somme "susceptible d’être ajustée, si nécessaire, en fonction de la loi de finances pour 2026." Autrement dit l'État pourrait emprunter encore plus ? 

Une charge financière qui dépasse la Défense

La dette publique française approche désormais les 3 500 milliards d'euros, atteignant 117,4 % du PIB selon les derniers chiffres de l'Insee. Mais le véritable danger réside dans le coût de cette dette. Avec la remontée des taux d'intérêt, l'État doit payer de plus en plus cher pour emprunter. La charge de la dette française en 2026 aura un impact citoyen majeur, puisque le paiement des seuls intérêts devrait atteindre 74 milliards d'euros.

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Pour donner un ordre de grandeur, ce montant est désormais supérieur au budget de la Défense et talonne celui de l'Éducation nationale. L'argent public sert donc massivement à rembourser les créanciers plutôt qu'à investir. Cette fragilité inquiète les marchés : la France emprunte désormais à des taux plus élevés que certains de ses voisins européens jugés plus vertueux, comme l'Allemagne, l'écart de taux ("spread") se creusant dangereusement.

Des taux d'intérêt qui pèsent sur l'immobilier

Cette situation macroéconomique a une incidence directe sur vos projets personnels. L'État étant l'emprunteur de référence, l'augmentation de ses taux se répercute sur ceux des banques. L'influence du taux OAT sur les prêts immobiliers est mécanique : si l'État emprunte cher (le taux à 10 ans est attendu autour de 3,37 % début 2026 selon Le Parisien), les banques répercutent ce coût sur les ménages. Les taux de crédit immobilier et à la consommation risquent de se maintenir à des niveaux élevés, pesant sur le pouvoir d'achat immobilier des Français au moment où le marché tente de redémarrer.

La menace fiscale se précise pour les ménages

Face à un tel mur de dettes, l'exécutif doit trouver 30 milliards d'euros pour ramener le déficit public à 4,7 % du PIB. Le risque de hausse d'impôts suite à l'endettement devient une hypothèse de travail crédible pour Bercy. Plusieurs pistes sont sur la table pour augmenter les recettes ou réduire les dépenses.

Si le gouvernement a promis de ne pas augmenter les impôts généralisés, des leviers plus discrets pourraient être actionnés, comme le gel du barème de l'impôt sur le revenu, qui ferait basculer de nombreux foyers dans des tranches imposables supérieures du fait de l'inflation. Parallèlement, pour tenir cet objectif d'un déficit public à 4,7 % du PIB en 2026, l'impact sur les retraites et la protection sociale pourrait se faire sentir via des économies drastiques sur les dépenses de santé ou les pensions.

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