Remaniement : quand aura-t-on de nouveaux ministres ?

Publié par Matthieu Chauvin
le 12/09/2025
Passation de pouvoir Lecornu-Bayrou
abacapress
© Xinhua/ABACA
Le soir de sa nomination au poste de Premier ministre le 9 septembre, Sébastien Lecornu avait laissé entendre que nommer les membres de son gouvernement pourrait prendre quelques semaines. Mais la rentrée politique est déjà très chargée et si les "démissionnaires" sont bien en charge des affaires courantes, la situation pourrait-elle exiger que le nouveau pensionnaire de Matignon accélère ?
 

Comme à chaque remaniement, toute la France attend que le nouveau Premier ministre choisisse ceux qui composeront son gouvernement. C'est plus que jamais le cas pour Sébastien Lercornu, 39 ans seulement, nommé lundi 9 septembre à Matignon par Emmanuel Macron. Qui dit à propos de ce dernier que c'est un "homme de négociations", qui possède "le sens de l'Etat", rapporte France Info. C'est le moins que l'on puise en attendre.

Prendre son temps ou composer dans l'urgence ?

Au soir de sa nomination, Sébastien Leconru, qui l'avait anticipée et démarré des consultations préalables (on ne sait pas avec qui), avait laissé entendre que composer sn gouvernement devrait prendre "quelques semaines."  Mais a-t-il vraiment autant de temps devant lui, vu le contexte géopolitique (guerre en Ukraine, guerre commerciale avec les Etats-Unis ou conflit israélo-palestinien) et national (mouvement Bloquons Tout, intersyndicale du 18 septembre, proposition d'un budget, menaces de censure...) ? Et l'agence de notation Fitch vient de dégrader la note de la France, qui perd son "double A" !

Les ministres démissionnaires peuvent-ils gérer plus que les affaires courantes ?

Certes, il peut compter sur les ministres démissionnaires, qui géreront les affaires courantes jusqu'à leur départ. Mais les affaires courantes sont bien éloignées de ces problématiques.  L'une de ses ministres admettait lundi soir au Parisien, après avoir eu connaissance des intentions de Sébastien Lecornu, son inquiétude quant à l'absence d'un "nouvel interlocuteur aux ministères de l’Économie, du Travail, de l’Éducation nationale ou encore à l’Intérieur" avant les grèves et manifestations du 18 septembre, et prévenait : "Faire cela -retarder le remaniement, ndlr - dans un moment social fort, je ne le recommanderais pas."

De longues consultations pour trouver la bonne formule ?

Oui mais voilà. Dans le communiqué publié par l'Elysée pour annoncer la nomination du Premier ministre, il est indiqué qu'Emmanuel Macron a demandé à son fidèle conseiller de "consulter les forces politiques représentées au Parlement en vue d'adopter un budget pour la nation et bâtir les accords indispensables aux décisions des prochains mois." C'est seulement quand les consultations seront terminées (avec les chefs de partis qui veulent bien y prendre part) que Sébatien Lecornu proposera des noms au Président. Mais c'est un scénario qui peut évoluer, alors que ces consultations occupent presque tout le calendrier du nouveau pensionnaire de Matignon.

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Le gouvernement nommé plus vite que prévu ?

Comme le lui avait imposé Emmanuel Macron, le Premier ministre a d'abord reçu les partis du socle commun : Renaissance, le MoDem, Horizons et les Républicains en début de semaine. Puis, ce vendredi, il a commencé les discussions avec les partenaires sociaux : Marylise Léon à 11h15, secrétaire générale de la CDFT reçue pendant deux heures, et le Medef en début de soirée à 19h45. 

Lundi, ce sera au tour de la CGT, et d'autres organisations patronales. Mais, est-ce un signe, ce vendredi 12 septembre toujours, le Président et Sébastien Leconru ont déjeuné ensemble à l'Elysée. Pour faire un premier point ou décider d'accélérer avant même de recevoir les forces d'opposition ?

La nécessité de proposer un budget à temps

Alors que Sylvain Maillard, député Ensemble pour la République affirmait sur France Info que Sébastien Lecornu allait "prendre du temps pour constituer un gouvernement", un conseiller ministériel déclarait jeudi le contraire sur BFM TV : "Si je devais miser sur un moment, je pense qu'on sera fixé sur le nouveau gouvernement au maximum d'ici la fin de la semaine prochaine". 

Avant le 18 septembre ? Ce ne serait pas si étonnant au regard de la rapidité de sa propre nomination, qui en a surpris plus d'un. Et, ne l'oublions pas, au mois d'octobre, un budget devra être présenté à l'Assemblée nationale, ce qui laisse peu de temps. Un budget qui devra donc prendre en compte la perte du "double A"  comme on le craignait.

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