"Comme pour le terrorisme" : Édouard Philippe veut instaurer un état d’urgence spécifique au narcotrafic

Publié par Suruthi Srikumar
le 09/12/2025
"Comme pour le terrorisme" : Édouard Philippe veut instaurer un état d’urgence spécifique au narcotrafic
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Édouard Philippe s’est déclaré, ce lundi, favorable à l’instauration d’un "état d’urgence narco". L’ancien Premier ministre souhaite renforcer les moyens de lutte contre le narcotrafic, sur le modèle des dispositifs déjà appliqués dans le cadre de la lutte antiterroriste.

Face à la montée du trafic de drogue et l'escalade de la violence sur le territoire français, l'ancien Premier ministre Édouard Philippe s'est dit à la création d'un "état d’urgence narco". Une mesure radicale pour répondre à une criminalité qui ne cesse de gagner en puissance.

Pour justifier cette idée choc, le maire du Havre établit un parallèle direct avec une autre menace majeure. Selon lui, la lutte contre le narcotrafic doit être menée "comme on l’a fait sur la lutte contre le terrorisme". L'objectif est clair : donner à l'État des instruments "certes contrôlés, mais qui sont dérogatoires du droit commun" pour frapper plus fort et plus vite. 

Pourquoi une mesure aussi radicale ?

Si les autorités envisagent de telles mesures, c'est que la situation a atteint un point critique. Le narcotrafic en France représente un marché colossal, avec un chiffre d'affaires annuel, qui a triplé puis 2010, atteignant aujourd’hui 6,8 milliards d’euros, comme l'indique Libération. Cette puissance économique s'accompagne d'une violence décomplexée, que le gouvernement qualifie de "menace désormais existentielle".

L'appel d'Édouard Philippe n'est d'ailleurs pas isolé. Récemment, le député RN Franck Allisio réclamait déjà "l’état d’urgence à Marseille" pour faire face à la guerre des gangs et la fermeture temporaire du site Orange à Marseille, en raison des violences dans le quartier de Saint-Mauront. 

Perquisitions et confiscations : quels seraient ces nouveaux pouvoirs ?

Concrètement, que permettrait ce régime d'exception ? Édouard Philippe a précisé sur LCI que ce cadre serait "évidemment très limité dans le temps et dans l'espace", afin de cibler uniquement les zones "très, très affectées". Il ne s'agirait donc pas d'une mesure généralisée à tout le pays.

L'ancien Premier ministre a même détaillé les "instruments" qu'il souhaiterait voir déployés. Il a évoqué en premier lieu "les perquisitions, notamment les perquisitions administratives". Celles-ci, déjà possibles dans le cadre de l'état d'urgence classique, permettent au préfet d'ordonner une fouille en tout lieu, y compris un domicile, sans passer au préalable par un juge. L'autre outil clé serait "la confiscation", qui selon lui "doit aller beaucoup plus vite, parce que ça, pour le coup, les organisations criminelles en souffrent". L'idée est donc de fournir des moyens dérogatoires au droit commun pour la lutte contre les drogues, en s'attaquant directement aux profits des trafiquants.

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S'inspirer des modèles allemand et italien ?

Pour appuyer sa démarche, Édouard Philippe regarde ce qui se fait ailleurs en Europe. Il cite d'abord l'Allemagne, qui a décidé de mettre "plus de moyens dans ses ports", une réponse directe à la vulnérabilité des infrastructures comme celle du Havre, principale porte d'entrée de la cocaïne en France.

L'autre source d'inspiration est l'Italie, pionnière des mesures anti-mafia. La péninsule a mis en place des lois très dures où la simple "association à une entreprise criminelle de type mafieux est passible de sanctions extrêmement lourdes", comme le rappelle 20 Minutes

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