Considéré comme l’un des narcotrafiquants les plus dangereux, ce détenu est sorti “sous permission"

Publié par Suruthi Srikumar
le 24/11/2025
L'un des narcos les plus dangereux est sorti “sous permission"
Istock
Un détenu du quartier de lutte contre la criminalité organisée, incarcéré dans l’établissement réservé aux prisonniers les plus dangereux, a obtenu une permission de sortie… pour se rendre à son travail.
 

Considéré comme un détenu à haut risque, son cas suscite de nombreuses interrogations. Alors que sa libération n’interviendra qu’en 2029, Ouaihid Ben Faïza, figure du narcotrafic incarcérée depuis quatre mois au centre pénitentiaire ultra-sécurisé de Vendin-le-Vieil, dans le nord Pas-de-Calais, s’est vu accorder une permission de sortie, ce lundi 24 novembre.

Ce matin, à 7h40, le détenu du quartier de lutte contre la criminalité organisée (QLCO) a quitté l’établissement dans le cadre d’une permission de sortie "employeur". L’homme doit se rendre en région lyonnaise pour rencontrer un employeur potentiel, avant de réintégrer la prison avant 21 heures.

Une sortie validée malgré des avis défavorables

La permission a été accordée par un juge d’application des peines, puis confirmée par la chambre d’application des peines de la cour d’appel de Douai, malgré un avis défavorable du parquet de Béthune, du chef d’établissement et du parquet général, rapporte La Dépêche.

Me Marie Violleau, avocate du détenu, défend une décision conforme au droit : "Cette décision a été rendue par des magistrats indépendants. Elle est conforme à la loi, ce n’est pas du tout une surprise. La réinsertion existe encore en France et tout le monde devrait s’en féliciter", indique La Dépêche. Elle précise également, sur BFMTV, que "il n’est pas surveillé, il n’est pas escorté. Il y a quelqu’un de son entourage qui est venu le chercher". L’entourage du ministre de l’Intérieur Laurent Nuñez affirme toutefois qu’un "dispositif" est mobilisé toute la journée.

Un détenu qui s'était déjà évadé en 2014

Ouaihid Ben Faïza est considéré comme l’un des parrains du trafic de drogue à La Courneuve. Selon Le Dauphiné, au début des années 2000, le clan Ben Faïza contrôlait une partie du trafic en Seine-Saint-Denis. En 2014, alors incarcéré à Villepinte, il s’était évadé avec l’aide d’un commando armé à la sortie d’une consultation médicale à l’hôpital de Saint-Denis. Sa cavale avait duré deux semaines.

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Jugé en 2016, il s’était défendu ainsi : "J’en peux plus, quand est-ce que je vais faire ma vie ? J’ai 42 ans, j’en ai pour 25 ans de prison. J’ai tué quelqu’un ? J’ai volé quelqu’un ? C’est du stupéfiant, rien que du stupéfiant !", rapporte Le Dauphiné. Le procureur de l’époque avait au contraire dénoncé "un bras d’honneur à la police, un défi à la loi et à la justice", rapporte le même média.

Une décision qui provoque l'indignation des syndicats

L’UFAP UNSa Justice dénonce "une décision totalement déconnectée des exigences, des réalités et des contraintes imposées chaque jour aux personnels pénitentiaires", rapporte CNEWS. David Lacroix (FO Pénitentiaire) s’inquiète également : "Entre 7h00 et 21h00, il peut tout autant décider de passer sa journée avec ses proches que d’aller voir ses anciens complices du narcotrafic", rapporte La Dépêche.

À l’inverse, Flavie Rault, secrétaire générale du Syndicat national des directeurs pénitentiaires (SNDP-CFDT), rappelle sur Franceinfo que "ça s'appelle l'individualisation de la peine et je tiens à rappeler que c'est un principe constitutionnel". 

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