Procès des viols de Mazan : pourquoi Husamettin D. est le seul à faire appel ?

Publié par Alice Ernult
le 06/10/2025
Gisèle Pelicot
abacapress
© Coust Laurent/ABACA
Alors que s’ouvre à Nîmes le procès en appel des viols de Mazan, un seul homme, Husamettin D., a choisi de contester sa condamnation. Seize autres accusés ont renoncé, souvent par pragmatisme ou par peur de la médiatisation.
 

Il est le seul à vouloir revenir sur le banc des accusés. Le procès en appel des viols de Mazan s’ouvre ce lundi 6 octobre devant la cour d’appel de Nîmes (Gard). Parmi les 51 hommes condamnés pour des viols commis sur Gisèles Pelicot en décembre dernier, seize avaient interjeté appel avant de se désister.

Pour certains, la peur d’une exposition médiatique violente. Pour d'autres, un simple calcul judiciaire : ne pas risquer plus en appel après les mois déjà passés en détention, additionnés aux remises de peine possibles, qui offrait une perspective de sortie rapide. Seul Husamettin D. a décidé d’aller jusqu’au bout. Condamné à neuf ans de réclusion criminel pour viol aggravé, il conteste à la fois sa culpabilité et la peine prononcée. 

Marié, père d’un enfant trisomique et atteint d’une polyarthrite, l’homme de 44 ans affirme avoir été “piégé” par Dominique Pelicot. “Mon client a toujours dit et répété qu’il n’avait pas l’intention de violer cette femme. Il a la volonté de pouvoir expliquer ce qu’il a vécu, qu’il a été dépassé par la personnalité de M. Pelicot”, précise son avocate, Me Sylvie Menvielle à 20 minutes

Il pensait que Gisèle Pelicot feignait d’être endormie

En effet, en première instance, Husamettin D. a soutenu qu’il croyait participer à un scénario libertin consenti. Après avoir échangé en ligne avec Dominique Pelicot, il a expliqué à la cour avoir pensé participer à un jeu sexuel consenti, convaincu que Gisèle Pelicot feignait le sommeil. Il avait été filmé par Dominique Pelicot en train de violer son épouse, dans leur domicile de Mazan, une nuit de juin 2019. 

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“On dirait que ta femme, elle est morte”, lui avait-il dit ce soir-là. Après l’avoir entendue “ronfler”, il s'était finalement enfui, mais n’a jamais prévenu les autorités. “Je ne suis pas un violeur, c'est un truc trop lourd à porter pour moi. (…) C'est son mari : j'ai jamais pensé que ce type-là, il pouvait faire ça à sa femme”, avait-il déclaré à la barre. Son avocate affirme qu’il n’a jamais “remis en question sa décision de faire appel”. 

Un nouveau jury

Seul dans le box, Husamettin D. fera face à une cour différente : des jurés populaires siégeront aux côtés des magistrats. Depuis une réforme judiciaire entrée en vigueur en 2023, les viols sont jugés en première instance par des juges professionnels uniquement. En appel, l’ancien modèle, avec participation citoyenne, reste en vigueur.

Ce changement pourrait-il être favorable à l’accusé ? “Il y a une telle hystérisation mondiale autour de ce dossier qu'on est en droit de se demander si les jurés seront capables d’apprécier seulement les faits”, s’interroge Me Yannick Prat, l’avocat d’un des accusés qui s’est désisté. 

Dominique Pelicot cité comme témoin

À l’issue du premier procès, Dominique Pelicot, condamné à la peine maximale de vingt ans de réclusion, a rapidement fait savoir qu’il ne comptait pas faire appel. Il sera donc absent du box pour ce nouveau procès mais présent comme témoin. En première instance, il n’a cessé d'accuser les hommes présents sur le banc des accusés d'avoir agi en pleine conscience : “Je suis un violeur et tous les hommes dans cette salle sont des violeurs.” 

Gisèle Pelicot sera de nouveau présente lors des débats. Elle a confié venir “pour rappeler qu’un viol reste un viol” a confié à l’AFP Antoine Camus, l’un de ses avocats. L’audience devrait durer trois à quatre jours. Husamettin D. encourt désormais jusqu’à vingt ans de réclusion criminelle

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