“Je ne pourrai jamais pardonner à ma mère”, Caroline Darian brise le silence sur sa mère Gisèle Pelicot suite au procès de Mazan

Publié par Alice Ernult
le 27/08/2025
Caroline Darian
Istock
© Coust Laurent/ABACA
Dans une interview accordée au quotidien britannique The Telegraph, Caroline Darian révèle le profond fossé qui s’est creusé entre elle et sa mère, Gisèle Pélicot.
 

C’est l’un des procès les plus retentissants de ces dernières décennies. Le 19 décembre dernier, le procès de Dominique Pelicot s’achevait à Avignon, après avoir tenu le monde en haleine durant quatre mois. Condamné à vingt ans de réclusion criminelle pour avoir drogué et violé sa femme Gisèle Pelicot, et l’avoir forcée à subir des agressions sexuelles par une cinquantaine d’hommes, cet homme a fait basculer une famille entière dans un cauchemar.

Les preuves accablantes, notamment des vidéos et photos conservées sur son disque dur, ont révélé l’horreur de ces violences. Parmi ces clichés, les forces de l’ordre ont retrouvé des images de Caroline Darian, la fille couple, inconsciente et en sous-vêtements. Des photos qu’elle affirme ne pas reconnaître et qui ont relancé le débat sur la possibilité qu’elle aussi ait été victime d’abus incestueux.

Caroline Darian, qui avait déjà brisé le silence en 2022 avec son livre Et j’ai cessé de t’appeler Papa, a porté le témoignage initial à la connaissance du public. 192 pages dans lesquelles elle témoigne du cataclysme subi par sa famille et alerte sur le phénomène encore trop peu connu de la soumission chimique. Depuis, elle a également fondé l'association "M'endors pas : stop à la soumission chimique" pour soutenir les victimes.  

“Ma mère ne m’a jamais crue”

Dans un entretien au Telegraph le 23 août dernier, Caroline Darian dresse un portrait sans concession de sa mère, Gisèle Pelicot, devenu un symbole de la lutte contre les violences faites aux femmes. Elle dénonce un fossé grandissant entre elles, nourri par le refus de Gisèle d’admettre la réalité des violences qu’elle aurait subies. 

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“Ma mère refuse de croire que j'aurais pu moi aussi avoir été violée par mon père. Et pour ça, je ne pourrais jamais lui pardonner, jamais” affirme-t-elle. “Elle m'a aussi reprochée de me donner en spectacle”, un jugement particulièrement violent pour celle qui a accompagné sa mère durant quatre ans, sans jamais la juger. “Elle m’a lâché la main dans ce tribunal, elle m’a abandonnée” confie Caroline Darian. 

“Nous n’avons plus ni père, ni mère”

Si Gisèle Pelicot est devenue une icône des luttes contre les violences faites aux femmes, la réalité est tout autre aux yeux de sa propre fille. “Ma mère n’est pas une icône. Pas à mes yeux en tout cas.” Elle dénonce le décalage entre la “vie sous les projecteurs” et leur vie familiale fracturée, où elle et ses deux frères, Florian et David, souffrent encore des séquelles des violences.

En mars dernier, Caroline a d’ailleurs porté plainte contre son père, évoquant des “abus sexuels” et “l’administration de substances psychoactives”. Malgré tout, elle respecte la décision de sa mère de “commencer une nouvelle vie”, tout en espérant qu’un jour elle “regardera en arrière”. Mais pour l’heure, elle se montre sans concession : “Ce que je lui dirais si elle était là, maintenant ? “Bonjour Maman. Et au revoir Maman.”

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