Femmes poignardées dans le métro : les failles incroyables de l'administration

Publié par Matthieu Chauvin
le 29/12/2025
Métro Arts et Métiers
Istock
Suite à l'agression au couteau de trois femmes dans le métro parisien le 26 décembre, le ministère de l'Intérieur a révélé ce lundi que l'assaillant, initialement présenté comme un Malien sous OQTF, était en réalité naturalisé français depuis 2018, date de sa majorité. Des vérifications sont en cours, mais un passeport tricolore a bien été retrouvé à son domicile.

C'est une information qui change radicalement la lecture du dossier et met l'administration dans l'embarras. Après l'agression au couteau de trois dans le métro parisien, certains détails avaient rapidement été révélés officiellement, jusqu'à l'interpellation rapide de l'auteur. Sauf son identité et sa nationalité, qui tardaient à "fuiter."

Puis, alors que l'enquête se concentrait sur le profil d'un ressortissant malien en situation irrégulière, les autorités ont admis une faille majeure dans le suivi du dossier : l'homme interpellé serait un citoyen français, naturalisé depuis sa majorité. Mais il faisait tout de même l'objet d'une OQTF (obligation de quitter le territoire) ! Pour l'heure, les autorités compétentes cherchent toujours à comprendre, comme le rapporte Cnews...

L'auteur n'avait pu être expulsé vers le Mali

Les faits remontent à l'après-midi du vendredi 26 décembre. Sur la ligne 3 du métro parisien, un homme armé d'un couteau sème la panique entre les stations Arts et Métiers, République et Opéra. Trois femmes sont légèrement blessées lors de cet accès de violence. Grâce à la réactivité de la Sûreté régionale des transports (SRT), l'individu de 25 ans est rapidement localisé et interpellé à Sarcelles dans le Val-d'Oise.

Dans les heures qui suivent, le profil du suspect semble clair pour les enquêteurs : il s'agirait d'un ressortissant malien. L'homme, bien connu des services de police, est sous le coup d'une OQTF, prononcée à sa sortie de prison en juillet 2025. Il avait d'ailleurs été placé en centre de rétention administrative (CRA) pour la durée légale maximale de 90 jours.

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Pourquoi était-il libre au moment des faits ? Faute de laissez-passer consulaire délivré par les autorités maliennes, son expulsion n'a pu être exécutée. Libéré en octobre 2025 sous une simple assignation à résidence, il faisait l'objet d'un mandat de recherche au moment de l'attaque, précise Valeurs Actuelles.

Une nationalité française passée sous les radars

Lundi 29 décembre, l'affaire a pris une tournure administrativement explosive. Marie-Pierre Vedrenne, ministre déléguée auprès du ministre de l'Intérieur, a révélé une information capitale à l'AFP : le suspect de l'attaque du métro est un naturalisé français, ayant obtenu la citoyenneté en 2018 à sa majorité, étant né en 2000. Cette découverte a été faite tardivement, lorsqu'un passeport français a été retrouvé lors des perquisitions à son domicile. Il aurait été délivré en 2021 selon les toutes dernières informations de Cnews.

Comment une telle information a-t-elle pu échapper aux services préfectoraux, judiciaires et policiers pendant trois ans de procédures ? Selon Libération, cette naturalisation avait totalement "disparu des radars". L'homme, lors de ses multiples interactions avec la justice ou lors de son placement en rétention, n'a jamais mentionné sa nationalité française, se présentant systématiquement comme Malien.

La ministre déléguée Marie-Pierre Vedrenne a en effet déclaré sur RTL : "La difficulté est que, jusqu’alors, cette personne n'avait pas de document. Il était difficile pour nous de dire qu'il était possiblement de nationalité française." Cette situation met en exergue une potentielle erreur administrative du ministère de l'Intérieur, incapable de croiser efficacement ses propres fichiers.

L'impossible expulsion d'un citoyen français

La conséquence juridique de cette révélation est immédiate et sans appel : la procédure d'expulsion lancée contre lui est caduque. En droit français, il est impossible d'éloigner un national, ce qui souligne le paradoxe entre l'OQTF et la nationalité française détenue par le suspect.

L'homme n'était pourtant pas un inconnu de la justice. Il avait déjà été impliqué dans des affaires de vol aggravé et d'agression sexuelle en janvier 2024. Aujourd'hui, au-delà de la polémique sur la fiabilité des fichiers administratifs des étrangers et des naturalisés, la question de sa responsabilité pénale se pose.

En effet, sa garde à vue a été levée dès le samedi 27 décembre, confirme Cnews. Un examen médical a jugé son état mental incompatible avec la mesure, entraînant son transfert vers une infirmerie psychiatrique de la préfecture de police. Cette levée de garde à vue pour raisons psychiatriques après le drame du métro parisien oriente désormais le dossier vers une prise en charge médicale, tandis que la polémique politique sur les défaillances de l'État ne fait que commencer.

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