Passoires thermiques : 850 000 logements revalorisés dès 2026 grâce au nouveau DPE

Publié par Suruthi Srikumar
le 10/07/2025
Passoires thermiques : 850 000 propriétaires vont pouvoir souffler !
Istock
Le diagnostic de performance énergétique (DPE), principal outil de la politique de rénovation des bâtiments, va une nouvelle fois évoluer pour mieux prendre en compte les logements chauffés à l’électricité. Cette révision pourrait permettre à près de 850 000 habitations de quitter la catégorie des passoires thermiques (F ou G).

Annoncée le mercredi 9 juillet par Matignon, la réforme du Diagnostic de performance énergétique (DPE) pourrait bien changer la donne pour des centaines de milliers de propriétaires. 

Le coefficient de conversion de l’électricité, jusqu’ici fixé à 2,3, sera abaissé à 1,9 à compter du 1er janvier 2026. Ce changement, suite à une directive européenne de 2023, permettra de mieux refléter la réalité du mix énergétique français, largement décarboné grâce au nucléaire. Les 850 000 propriétaires de logements chauffés à l’électricité, aujourd’hui classés F ou G, pourraient être revalorisés sans avoir à engager de travaux coûteux.

Vers la fin des passoires énergétiques

Concrètement, cette modification du mode de calcul du DPE pourrait faire gagner jusqu’à une lettre sur l’étiquette énergétique d’un logement, selon Thierry Marchand, consultant en diagnostic des bâtiments et ex-président du syndicat des diagnostiqueurs CDI-FNAIM, rapporte Le Figaro Immobilier. 

Elle concerne en priorité les logements tout-électriques, mais bénéficiera aussi à ceux qui combinent plusieurs sources d’énergie. Une plateforme gratuite de l’Ademe permettra de recalculer automatiquement les anciens DPE, sans intervention d’un diagnostiqueur. À terme, près d’un million de logements pourraient échapper à l’interdiction de location prévue pour les biens classés F et G d’ici à 2028.

Une mesure saluée par le secteur immobilier

Du côté des professionnels, la réforme est accueillie avec soulagement. “C’est une mesure de justice énergétique et de cohérence écologique”, s’est félicité Loïc Cantin, président de la FNAIM, rapporte Les Echos Investir. “Elle permet de corriger une distorsion technique qui ne tenait pas compte des réalités de notre mix électrique français, faiblement émetteur de gaz à effet de serre”.

Pour Eric Allouche, directeur exécutif du réseau Era immobilier, l’initiative semble être bien accueillie par le secteur immobilier, qui déclare que “ l'évolution du mode de calcul du diagnostic de performance énergétique (DPE), annoncée pour le 1er janvier 2026, constitue une avancée attendue, à la fois pour le marché immobilier et pour les particuliers. Cette réforme apporte davantage d'équité, en corrigeant les biais qui pénalisaient notamment les logements chauffés à l'électricité.”

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Une réforme critiquée par les associations

Plusieurs associations de locataires et de défense de l’environnement dénoncent un “tripatouillage politique”. Ruben Arnold, dirigeant de la start-up KRNO, estime que cette décision est un scandale.  “Le gouvernement a de nouveau manipulé politiquement les chiffres du DPE et changé brutalement les règles sans tenir compte des réalités du terrain. En indiquant à tous les Français que leur étiquette énergétique dépend d'une décision politique et non d'une amélioration réelle de leurs consommations et émissions, le gouvernement affaiblit de manière perverse un dispositif qu'il dit vouloir protéger.”

De son côté, la coalition Coénove juge cette mesure “socialement injuste et écologiquement contre-productive”, regrettant une décision prise “en catimini, au cœur de l’été”. Une réforme qui, malgré ses ambitions, est loin de faire l’unanimité

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