Réforme des retraites : qu'en pensent les ministres du gouvernement Lecornu II ?

Publié par Matthieu Chauvin
le 14/10/2025
Conseil des ministres
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© Pool/ABACA
Malgré l'évocation d'une éventuelle suspension de la réforme des retraites, du moins de son "blocage" jusqu'en 2027, plusieurs hommes et femmes politiques de droite ont été nommés ministres du gouvernement Lecornu II, quitte à être exclus de leur parti, en l'occurrence les Républicains. On peut du coup se poser légitimement la question : que pensent-ils vraiment de cette réforme, passée en force en 2023 ?
 

Bruno Retailleau, outré par la nomination de Bruno Le Maire aux Armées lors de l'annonce de la composition du gouvernement "Lecornu I" le 5 octobre dernier, avait dans la foulée quitté son poste de ministre démissionnaire de l'Intérieur. De la bombe d'une éventuelle suspension de la réforme des retraites lâchée par Elisabeth Borne dans les colonnes du Parisien le mardi 7 octobre, il n'en avait pas encore connaissance. En revanche, quand Sébastien Lecornu a confirmé cette possibilité au 20 heures de France 2, le numéro un des Républicains a vu rouge ! 

Les ministres "frondeurs" exclus du parti

Comme son opposant du PS Olivier Faure, il avait ensuite précisé que tout membre de son parti rejoignant le gouvernement "Lecornu II" (ou y rstant) en serait automatiquement exclu. Si l'autorité du patron des socialistes a été respectée (mais est-ce qu'un de ses militants a été sollicité ?), ça n'a pas été le cas du patron des Républicains : 6 ministres "frondeurs" (comme au temps de François Hollande...) ont décidé d'outrepasser la consigne. Et se sont donc exclus d'eux-mêmes.

Un véritable désaveu pour Bruno Retailleau 

Ainsi, Annie Genevard, restée ministre de l'Agriculture, Rachida Dati, restée ministre de la Culture, Philippe Tabarot, resté ministre des Transports et les nouveaux Vincent Jeanbrun à la Ville et au Logement, Sébastien Martin à l'Industrie) et Nicolas Forissier au Commerce extérieur et à l'attractivité, ne sont plus membres des Républicains. Un désaveu pour Bruno Retailleau.

Laurent Wauquiez jubile-t-il ?

En effet, l'ancien ministre de l'Intérieur aux ambitions présidentielles avouées et qui avait remporté la primaire des Républicains avec 75 % des voix, est fragilisé. Cela ferait-il l'affaire de Laurent Wauquiez, qui se voyait lui aussi candidat en 2027 ? Les deux hommes, ce n'est pas un secret, ne s'apprécient guère. Et le numéro deux du parti LR compte bien profiter des désaccords qui divisent le parti depuis la semaine dernière pour tirer son épingle du jeu...

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Mais revenons-en aux ministres, frondeur ou non. Tous, sont de droite, ou appartiennent au bloc central (sauf Monique Barbut à la Transition écologique). Tous, sont censés être pour la réforme des retraites de 2023. Pourtant, tous restent ou rejoignent un gouvernement dont le Premier ministre vient d'annoncer qu'il allait proposer la suspension de cette réforme... Voyons dans notre diaporama ci-dessous ce qu'ils en pensaient à l'époque et même récemment.

Vincent Jeanbrun (Logement), Sébastien Martin (Industrie) et Nicolas Forissier (Commerce extérieur et attractivité).

Catherine Vautrin : "Les Français en ont pris conscience"

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Catherine Vautrin ministre des Armées
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© Lafargue Raphael/ABACA

Nouvelle ministre des Armées du gouvernement Lecornu II, Catherine Vautrin (ex-ministre du Travail sous Lecornu I et François Bayrou) déclarait dans une interview accordée au Figaro le 25 juin dernier : "Tous les enfants du baby-boom vont commencer à prendre leur retraite et le sujet de reculer encore l’âge de départ va se poser à nouveau, comme l’ont fait tous les autres pays d’Europe [...] Les Français en ont pris conscience."

Différents sondages montrent pourtant que les Français restent majoritairement contre la réforme, aux alentours de 65 %, comme celui de l'IFOP réalisé en avril 2025.

Elle suivait les conseils du COR, le Conseil d'orientation des retraites, qui préconisait un recul de l'âge progressif à 66,5 ans.

Gérald Darmanin : "Oui, il faut travailler plus"

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Gérald Darmanin Lecornu II
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Voici ce que déclarait Gérald Darmanin (maintenu comme ministre de la Justice dans le gouvernement Lecornu II) alors que le débat sur la réforme des retraites faisait rage, dans une interview donnée au Parisien le 28 janvier 2023 : "On doit d'abord faire passer un message aux Français : pour mettre notre système des retraites à l'équilibre, oui, il faut travailler plus."

Un peu plus de 2 ans plus tard, changement de cap comme le révélait Sud Ouest en juin dernier : "Entretenir l’idée que travailler jusqu’à 67 ou 70 ans est possible, c’est désespérer Billancourt, et peut-être aujourd’hui plus Tourcoing que Billancourt sociologiquement." Plus question de relever l'âge de départ mais d'ajouter de la capitalisation, et "que l’âge légal reste […] dans le prochain quinquennat […] autour des 64 ans, ou peut-être à quelques mois près."

Roland Lescure : "Moi, je suis prêt à faire des concessions"

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Roland Lescure Lecornu II
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© Lafargue Raphaël/ABACA

Maintenu comme ministre de l'Economie dans le gouvernement Lecornu II, Roland Lescure, celui qui n'avait exercé que 14 heures à ce poste la semaine dernière, avait déclaré sur France Inter le 8 octobre

"Modifier la réforme des retraites, ça va coûter des centaines de millions en 2026 et des milliards en 2027. On a besoin qu'une majorité de l'Assemblée nationale se mette d'accord pour ne pas censurer un gouvernement et faire passer un budget. Il faut que tout le monde fasse des concessions, moi évidemment je suis prêt à en faire, mais pas à n'importe quel prix. Ces concessions auront toutes un prix, qu'il va falloir financer."

Il est à la fois pour et contre en somme ?

Annie Genevard : "La mort annoncée du régime par répartition"

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Annie Genevard Lecornu II
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© Lafargue Raphaël/ABACA

Maintenue ministre de l'Agriculture du gouvernement Lecornu II, Annie Genevard était claire dès 2023 : "Si on reste à un statu quo, c'est la mort annoncée du régime par répartition" déclarait-elle sur BFM TV, par exemple sur le nécessaire report de l'âge de départ.

Ou encore : "On est convaincus de la nécessité de la réforme" (Les Républicains, ndlr) sur LCP en janvier de la même année.

Jean-Noël Barrot : "On on ne peut pas continuer à s’endetter sur le compte de nos enfants"

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Jean-Noël Barrot Lecornu II
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© Abdullah Firas/ABACA

Dans une interview donnée à RFI en mars 2023, après le passage en force de la réforme par 49.3, Jean-Noël Barrot, resté contre toute attente ministre de l'Europe et des Affaires étrangères du gouvernement Lecornu II, avait notamment déclaré : "La réforme dont il est question, le Gouvernement considère qu’elle est indispensable. Parce qu’on ne peut pas continuer, comme on l’a fait pendant de longues années, à s’endetter sur le compte de nos enfants."

"Et le gouvernement a donc engagé ses responsabilités sur ce texte. C’était donc un moment très important puisque c’est l’aboutissement du processus démocratique autour de ce texte sur la réforme des retraites."

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Rachida Dati : "Les condition de travail, cahin-caha, s'améliorent aussi"

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Rachida Dati Lecornu II
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© Lafargue Raphael/ABACA

En janvier 2023, Rachida Dati se montrait enthousiaste sur la réforme au micro de France Inter, avec quelques points à revoir selon elle. Voici ce qu'elle exprimait sur son compte X (ex-Twitter).

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Stéphanie Rist : "Cette réforme est difficile mais indispensable"

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Stéphanie Rist Lecornu II
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Stéphanie Rist, nouvelle ministre de la Saté du gouvernement Lecornu II, défend la réforme des retraites depuis 2023. Elle écrivait sur son site qu'elle était : 

"Indispensable car notre système de retraite est structurellement déficitaire : le conseil d’orientation des retraites, le COR (instance indépendante chargée d’analyser et de suivre les perspectives à moyen et long terme du système de retraite français) met en évidence l’existence d’un déficit sur les 25 prochaines années. À partir de 2023, c’est un déficit de 1,8 milliard d’euros. Très vite, notre modèle risque de s’effondrer pour atteindre près de 35 milliards de déficit en 2046 faisant peser sur nos générations futures, le poids d’une inaction politique."

"Rapporteure générale de ce texte, j’ai l’intime conviction que notre modèle de protection sociale doit être préservé : cette réforme est difficile mais indispensable."

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