Réforme des retraites : qui seraient les gagnants et les perdants de la suspension ?
Le dernier tour de passe-passe en date d'Emmanuel Macron ? S'attirer les faveurs de la gauche pour éviter une censure du budget grâce à l'éventuelle suspension de la réforme des retraites de 2023, qui repousse progressivement l'âge légal de départ à 64 ans. C'est peu dire qu'il suscite la controverse, à droite et jusque dans son propre camp.
En ramenant cet âge à 62 ans et 9 mois pour tous, la suspension coûterait 500 millions d'euros en 2026 à l'Etat, et au moins 3 milliards en 2027, d'après Sébastien Lecornu, alors que le déficit de la France est déjà abyssal. Le président de la République a eu la drôle d'idée de faire porter cette proposition par Elisabeth Borne, la même, alors Premier ministre, qui avait fait passer cette réforme en force à l'Assemblée par 49.3.
"Pour avancer, il faut savoir écouter et bouger"
La phrase exacte prononcée par la ministre démissionnaire de l'Education nationale chez nos confrère du Parisien est : "Dans le contexte actuel, pour avancer, il faut savoir écouter et bouger." Ce après avoir été purement et simplement inflexible et imperméable à la colère de la rue (la manifestation contre la réforme des retraites avait réuni à l'époque plus de 1 million de personnes...)...
Désormais, Elisabeth Borne ouvre finalement la porte au parti socialiste pour former un futur gouvernement de cohabitation. Le second refusant le terme de "coalition" s'il y participe. Et dont l'objectif reste l'abrogation, et non une simple suspension de la réforme de 2023. Mais nous n'en sommes pas encore là. Les Républicains, par l'intermédiaire de leur chef Bruno Retailleau, qui a déjà quitté son poste de ministre de l'Intérieur démissionnaire, n'entendent pas participer à une coalition avec la gauche, tandis que le RN et LFI censureront le nouveau pensionnaire de Matignon.
Quelques perdants, beaucoup de gagnants
Concrètement donc, si la suspension de la réforme était maintenue, à partir d'octobre 2026, tous les nouveaux prétendants à la retraite pourraient partir à l'âge de 62 ans et 9 mois à condition d'avoir obtenu tous leurs trimestres évidemment. Tous seraient donc gagnants. Mais d'autres sont en revanche dores et déjà perdants à cause de la mise en place de la réforme en 2023 et de son application. Découvrez pourquoi dans notre diaporama ci-dessous.
La génération 1961
Les personnes nées en 1961 étaient concernées par la réforme des retraites et ont dû partir à 62 ans et 3 mois au lieu de 62 ans. La suspension ne change rien pour elles.
La génération 1962
Les personnes nées en 1962 étaient concernées par la réforme des retraites et ont dû partir à 62 ans et 6 mois au lieu de 62 ans. La suspension ne change rien pour elles.
La génération 1963
Les personnes nées en 1963 étaient concernées par la réforme des retraites et doivent partir à 62 ans et 9 mois au lieu de 62 ans. La suspension ne change rien pour elles : elles peuvent commencer à partir depuis le 1er octobre.
La génération 1964
Les personnes nées en 1964 étaient concernées par la réforme des retraites et devaient partir à 63 ans au lieu de 62 ans. La suspension leur permettrait de partir plus tôt, à partir d'octobre 2026 au lieu de janvier 2027.
La génération 1965
Les personnes nées en 1965 étaient concernées par la réforme des retraites et devaient partir à 63 ans et 3 mois au lieu de 62 ans. La suspension leur permettrait de partir plus tôt, à partir d'octobre 2027 au lieu d'avril 2028.
La génération 1966
Les personnes nées en 1966 étaient concernées par la réforme des retraites et devaient partir à 63 ans et 6 mois au lieu de 62 ans. La suspension leur permettrait de partir plus tôt, à partir d'octobre 2028 au lieu de juillet 2029.
La génération 1967
Les personnes nées en 1967 étaient concernées par la réforme des retraites et devaient partir à 63 ans et 9 mois au lieu de 62 ans. La suspension leur permettrait de partir plus tôt, à partir d'octobre 2029 au lieu d'octobre 2030.