Retraites : allez-vous partir plus tôt après la suspension de la réforme ?

Ce mardi 12 novembre 2025, les députés ont adopté l'article 45 bis du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026, gelant de fait l'augmentation progressive de l'âge légal de départ. Si le texte doit encore passer l'épreuve du Sénat, il redessine déjà le calendrier pour des centaines de milliers de futurs retraités. 

Une suspension votée mais pas encore définitive

Coup de théâtre à l'Assemblée Nationale. Dans la nuit du 12 novembre, les députés ont adopté par 255 voix contre 146 l'article 45 bis du PLFSS pour 2026, avec le soutien des groupes Socialistes, Rassemblement National et Écologistes, tandis que les groupes Renaissance et MoDem se sont abstenus. Ce vote de l'Assemblée nationale, dans le cadre de l'examen du PLFSS 2026 relatif à la retraite, suspend de fait l'application de la réforme de 2023 jusqu'au 1er janvier 2028.

Toutefois, cette décision n'est pas encore gravée dans le marbre. Le texte doit maintenant être examiné par le Sénat, où la majorité de droite et du centre pourrait s'opposer à la mesure et la rejeter, comme le rapporte Public Sénat. L'examen est attendu entre le 19 et le 25 novembre 2025.

Un nouvel horizon pour les générations 1964 à 1968

Concrètement, si la loi est validée, l'âge légal de départ serait gelé à 62 ans et 9 mois. Ce gel modifie directement l'âge de départ à la retraite pour la génération 1964, qui pourra partir à 62 ans et 9 mois au lieu des 63 ans prévus initialement. Pour la génération 1965, l'âge légal passerait à 63 ans au lieu de 63 ans et 3 mois. Enfin, les assurés nés en 1968 pourraient partir à 63 ans et 9 mois, au lieu des 64 ans fixés par la réforme de 2023.

Cette suspension de la réforme des retraites jusqu'en 2028 a aussi un impact sur la durée d'assurance. Le nombre de trimestres requis pour la retraite de la génération 1965 passerait ainsi de 172 à 171. Pour les personnes nées en 1964, ce serait 170 trimestres au lieu de 171, selon les informations relayées par Pleine Vie.

Les carrières longues et la fonction publique aussi concernées

La mesure ne s'arrête pas là. Suite à un amendement gouvernemental, ce changement pour les carrières longues lié à l'article 45 bis est également validé. Les personnes ayant commencé à travailler tôt et nées entre 1964 et 1968 bénéficieraient d'un départ anticipé ouvert un trimestre plus tôt. De même, la suspension s'étend aux agents de la retraite de la fonction publique dans les catégories actives et super-actives, comme les pompiers, policiers et soignants.

Pour ces derniers, le retour au calendrier initial ne se fera qu'à partir de septembre 2026, un délai technique pour permettre aux caisses de retraite d'adapter leurs logiciels. Ce report a un coût non négligeable, estimé à 300 millions d'euros en 2026 et 1,9 milliard d'euros en 2027.