Le coût colossal de la suspension de la réforme des retraites révélé par une étude
La décision de l'exécutif de maintenir l'âge légal de départ à 62 ans et 9 mois et de geler la durée de cotisation à 170 trimestres, en proposant la suspension de la réforme des retraites, aura un coût plus élevé que prévu. Alors qu'une première évaluation issue de la lettre rectificative au projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2026 l'estimait à 1,4 milliard d’euros pour l'année prochaine, un amendement va être déposé pour satisfaire les socialiste et éviter la censure.
Il ne sera pas le seul à sortir du chapeau gouvernemental (plusieurs autres amendements seront déposés), mais va déjà augmenter la note de 500 millions d'euros. Cette rallonge, qui la portera à 1,9 milliard d'euros en 2027, vise à élargir la suspension aux carrières longues et à certaines catégories de la fonction publique (sapeurs-pompiers, aides-soignants...). Le coût, rien que pour 2026, sera alourdi de 100 millions d'euros supplémentaires.
La hausse de la CSG pour les épargnants
Pour financer cette mesure, l'exécutif compte sur trois leviers qui pèseront sur les contribuables. Le premier concerne directement les épargnants. L'Assemblée nationale a en effet adopté une hausse de la Contribution sociale généralisée (CSG), qui passera de 9,2 % à 10,6 % sur une partie des revenus du capital pour un gain espéré de 2,7 milliards d'euros selon L'Humanité. Les conséquences de la hausse de la CSG sur le capital toucheront notamment les produits d'assurance-vie, les plans d'épargne logement (PEL) ou encore les dividendes.
"Vous ne venez pas de décider de taxer le haut patrimoine, vous avez taxé l'assurance-vie, vous avez taxé les PEL" s'est emporté Laurent Wauquiez rapporte Cnews. Toujours d'après la chaîne info, Amélie de Montchalin ministre des Comptes publics, à modéré l'importance de ce vote : "Ce qui a été voté n'est pas une hausse de la fiscalité alors que nous sommes en première lecture. Ce qui a été voté, c'est la possibilité d'en débattre jusqu'à la fin du processus budgétaire." Car la mesure doit encore être validée par le Sénat.
La hausse des franchises médicales
Si les députés ont rejeté une hausse de la taxe sur les bénéfices des mutuelles, le gouvernement maintient sa proposition de relever les plafonds des franchises médicales dès 2026 (sur les médicaments, le transport sanitaires et les consultations). Le déficit de la Sécurité sociale étant déjà de 23 milliards d'euros. Pour Stéphanie Rist, ministre de la Santé, "le doublement de ce 'forfait de responsabilité' devrait rapporter près de 2,3 milliards d’euros." Public Sénat rapporte que cette dernière estime le reste à charge annuel moyen pour un patient à 42 euros, "l’un des plus faibles des économies développées."
Une sous-revalorisation des retraites en 2027
Enfin, les retraités actuels seront également sollicités. Le gouvernement a acté une sous-indexation des pensions de retraite pour 2027 après le gel de 2026 : leur revalorisation serait inférieure de 0,9 point à l'inflation. Alors que celle-ci est anticipée à 1,75 % d'après Capital, l'impact sur le pouvoir d'achat des retraités aux faibles pensions sera très important. A l'année blanche succéderait donc d'autres mesures "punitives" ces derniers.
Un financement immédiat mais un enjeu à long terme
La question de savoir qui paiera le coût de la suspension des retraites trouve ainsi une réponse claire : la charge sera partagée entre les épargnants, les retraités et potentiellement tous les bénéficiaires de l'Assurance maladie. Ces mesures, bien que destinées à couvrir le coût pour l'année 2027, posent la question de la pérennité du système si la suspension de la réforme venait à être prolongée au-delà de l'élection présidentielle de 2027.
Des organismes comme la fondation IFRAP alertent d’ailleurs sur un coût cumulé bien plus colossal. Sans correction future, le maintien de ces dispositions pourrait engendrer un déficit de 18 à 20 milliards d'euros d'ici à 2035 pour le système de retraites, reportant une charge financière encore plus lourde sur les générations futures.