Budget : vous paierez plus cher chez le médecin en 2026
Il y a peu de chances, si un budget est voté avant la fin de l'année, que la santé, face au trou de la Sécurité sociale qui s'élève à 23 milliards d'euros, échappe à des mesures qui vont pénaliser l'ensemble des Français. Le doublement des franchises sur les médicaments, les transport sanitaires et les consultations est toujours sur la table.
On vient aussi d'apprendre par exemple, que les cures thermales seraient probablement déremboursées de 50 % dès janvier 2026, même pour les patients en affection de longue durée (ALD). Et, dimanche 9 novembre, l'Assemblée a rejeté un texte favorable aux patients face à la gronde des médecins, surtout des spécialistes. Lundi, les radiologues étaient en grève et plusieurs syndicats de praticiens ont menacé de faire de même en janvier.
Les dépassements d'honoraires ne seraient pas limités en 2026
L'article d'un texte figurant dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale 2026 examiné en première lecture à l'Assemblée avait mis le feu aux poudres : il visait à limiter les dépassements d'honoraires devenus très fréquents chez les généralistes comme les spécialistes, ainsi qu'ont pu le constater nombre de nos compatriotes.
Pour cela, le gouvernement comptait augmenter la cotisation qu'ils payent sur ces dépassement, actuellement fixée à 3,25 %. Inacceptable pour la profession qui affirme que ce serait l'ensemble de la médecine libérale qui serait "mise en péril", particulièrement celle conventionnée secteur 2 (pour laquelle l'Assurance maladie tolère les dépassements). Son argument : certains "tarifs d'actes remboursés par l'Assurance maladie sont bloqués depuis des années."
Les patients seront pénalisés quoi qu'il arrive
Pourtant, plusieurs études ont dénoncé ces hausses d'honoraires. Mais, rapporte l'AFP, les députés Renaissance, Horizons, LR, RN, UDR, les communistes et indépendants Liot ont adopté l'amendement déposé pour supprimer cet article. Au contraire du PS, de LFI, des écologistes et d'une partie du MoDem. Avant le vote, le rapporteur général du texte, Thibault Bazin (LR), s'est montré critique envers cette mesure : selon lui, elle pénalise "indistinctement l'ensemble des médecins du secteur 2, quelle que soit l'ampleur des dépassements, (...) qu'ils participent ou non à la permanence des soins, quelle que soit leur spécialité."
Côté Renaissance, c'est le député Jean-François Rousset qui a mis en garde : "les médecins vont augmenter leurs tarifs de dépassements" avec le risque que les mutuelles augmentent "les tarifs de leurs contrats." Et évidemment, "à la fin c’est les usagers qui vont être pénalisés." Sauf que la mesure avait justement pour but de limiter les dépassements ! Mauvaise foi ou hypocrisie ?
Le député socialiste au discours toujours modéré Jérôme Guedj précisait lui, selon nos confrères qu'il ne s'agissait là que d'une "modeste incitation à limiter les dépassements d'honoraires" allant "dans la bonne direction." Résultat du vote, les mutuelles n'augmenteront peut-être pas leurs tarifs (il y a fort à parier du contraire) mais les médecins continueront d'augmenter les dépassements. Monsieur Rousset a donc raison d'affirmer que sont les usagers qui vont être pénalisés.
La ministre de la Santé embarrassée
Stéphanie Rist, ministre Renaissance de la Santé a de quoi rire jaune, puisque son groupe a voté l'amendement et qu'elle avait pointé "la hausse très croissante ces dernières années des dépassements", à hauteur de "4,5 milliards d'euros en 2024." Elle a sans doute dû manger son chapeau après coup puisqu'elle a déclaré : "Ces dérives ont donc amené le gouvernement à proposer une taxation des dépassements. Mais je le dis aujourd'hui, mon intention n'est pas de pénaliser ce secteur 2." Surtaxer sans pénaliser, un concept original.
Puis, elle a ajouté qu'elle allait discuter "dans les prochaines semaines sous la responsabilité de la Caisse d'assurance maladie, avec les médecins, les associations de patients" et "les organismes complémentaires." Rappelons que l'examen du PLFSS se termine demain avant d'arriver sur les pupitres des sénateurs.