Sébastien Lecornu affirme que les ministres démissionnaires ne toucheront pas leurs indemnités
L'affaire avait fait grand bruit comme nous vous l'avions révélée : les six "ministres éphémères" nommés par Sébastien Lecornu le soir précédent sa démission (Roland Lescure à l'Economie, Eric Woerth aux Territoires, Naïma Moutchou, à la Fonction publique, Marina Ferrari, aux Sports et Mathieu Lefèvre, aux Relations avec le parlement et, cas à part, Bruno Le Maire aux Armées), bien que restés moins de 15 heures en place, allaient pouvoir toucher des indemnités de "fin de fonctions" correspondant à trois mois de salaire. Soit environ 10 700 euros brut mensuels, 32 100 euros au total. En plus du prorata du salaire qu'ils auraient dû normalement toucher, calculé sur quelques heures, a priori quelques centaines d'euros chacun tout de même.
La polémique a vite enflé malgré la légalité des indemnités
Problème, malgré l'incongruité de la situation, elle est parfaitement légale et même inscrite dans notre Constitution par une ordonnance datant de... 1958. Voici ce qu'elle permet : "Lors de la cessation de ses fonctions gouvernementales le membre du Gouvernement [...] perçoit une indemnité d'un montant égal au traitement qui lui était alloué en sa qualité de membre du Gouvernement. Cette indemnité est versée pendant trois mois, à moins que l'intéressé n'ait repris auparavant une activité rémunérée."
Bruno Le Maire renonce aux indemnités : "Je me casse"
Interrogé par le média Brut ans une vidéo devenue virale, Bruno Le Maire, outré par la réaction de Bruno Retailleau à son encontre alors qu'il venait d'être nommé ministre des Armées, a tout de suite renoncé au poste proposé, et à ses indemnités de "fin de fonctions." A nos confrères, il déclare, après moults explications sur son début de soirée du lundi 6 octobre : "J’appelle le Premier ministre et je lui dis, 'pas de problème je me casse.' J’appelle le président de la République et je lui dis, 'pas de problème, je me casse.'" Même si sa nomination était déjà inscrite au Journal officiel, ce qui lui permettait de percevoir ses 32 100 euros, les choses semblaient claires de son côté. Mais Sébastien Lecornu a tout de même dû s'exprimer sur le sujet ce mercredi.
Indemnités des ministres "éphémères" : "J'ai décidé de les suspendre"
Ce matin à 9h30, le Premier ministre démissionnaire s'est exprimé devant le fronton de l'hôtel Matignon, avant de recevoir les représentants de la gauche (hors LFI, qui a refusé). Il a déclaré, à propos des indemnités que devaient percevoir les ministres "éphémères" : "Il est évident que les ministres qui l'auront été seulement quelques heures n'y auront pas le droit. J'ai décidé de les suspendre."
Sébastien Lecornu lui-même, en tant que chef du gouvernement aurait eu droit à une somme encore supérieure au vu de son salaire de 16 000 euros brut mensuels... Les autres ministres démissionnaires en place depuis la nomination de François Bayrou et qui n'ont pas été désignés comme sortants, pourront eux toucher cette indemnité qui, rappelons-le, est élevée, car les ministres ne cotisent pas à l'assurance chômage et ne touchent donc aucune allocation.