Gel de la réforme des retraites : seriez-vous concerné ?
Trois coups de tonnerre politiques ont eu lieu cette semaine. Le lundi 6 octobre, Sébastien Lecornu remettait sa démission à Emmanuel Macron le lendemain de sa nomination au poste de Premier ministre. Mercredi 8 octobre le même Sébastien Lecornu écartait la piste de la dissolution et annonçait qu'un nouveau pensionnaire de Matignon serait désigné "d'ici 48 heures." Et entre temps, mardi 7 octobre, Elisabeth Borne elle-même, celle qui avait porté la réforme des retraites et l'avait fait passer en force par 49.3 en 2023, déclarait envisager sa suspension. Abracadabrantesque pour reprendre le terme d'un ancien chef de l'Etat. Tandis que pour Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT "C’est une première étape vers l’abrogation."
Une suspension qui coûterait 3 milliards en 2027
Mercredi soir, face à une Léa Salamé quasiment aphone sur le plateau du journal de 20 heures de France 2, Sébastien Le cornu a répété les propos de sa ministre démissionnaire de l'Education nationale ("Dans le contexte actuel, pour avancer, il faut savoir écouter et bouger" déclarait-elle cette semaine au Parisien") : "Il faut trouver un chemin pour que le débat ait lieu sur la réforme des retraites." La solution serait donc sa suspension, ou son "gel" au moins jusqu'à la prochaine élection présidentielle ? Une telle mesure, d'après plusieurs sources, coûterait au bas 500 millions d'euros en 2026 et jusqu'à "pas moins de trois milliards d'euros" en 2027 affirmé celui qui avait été nommé le 9 septembre dernier.
Qui serait bénéficiaire du gel de la réforme des retraites ?
Selon une estimation de la CFDT, relayée par RMC, le nombre de personnes qui profiterait de la suspension de la réforme des retraites serait d'environ 600 000. Elle entraînerait un gel de l'âge légal de départ à 62 ans et 9 mois. Pour ceux qui sont nés avant 1963, cela ne change rien. Il en est autrement pour les "plus jeunes." En effet, la réforme prévoit que "Ceux nés en 1964 partent à l'âge de 63 ans, ceux nés en 1965 à l'âge de 63 ans et un trimestre, et ainsi de suite jusqu'à 64 ans pour la génération 1968 et les suivantes." Mais ce ne sont pas les seuls concernés.
Toutes les générations partiraient avant 63 ans
Le gel de la réforme fixerait jusqu'à la prochaine à 62 ans et 9 mois donc, pour tout le monde ! La génération 1964 partirait donc dès le mois d'octobre 2026 et elle cotiserait 170 trimestres au lieu de 171), ce qui laisserait un an aux caisses de retraite pour se mettre à la page, soulignent nos confrères. "Techniquement, c'est jouable, ça laisse le temps de changer les règles de gestion", leur assure un "connaisseur du système."
Mais évidemment, il y a peu de chances que l'on en reste là, certains pays européens ayant été contraints de fixer l'âge de départ à 68, 69 ou même 70 ans dès 2040 pour le Danemark. Un économiste que nous avons interrogé hier nous expliquait l'impossibilité de le maintenir même à 64 ans en France. Une autre source nous affirmait que le gel pourrait coûter 17 milliards en 2030, avec le vieillissement de la population.