“L’arbitrage par les citoyens semble être le meilleur moyen” : se dirige-t-on vers une dissolution ?

Publié par Suruthi Srikumar
le 06/10/2025
Une nouvelle dissolution est-elle envisageable ?
Autre
DPA/ABACA
Ce lundi 6 octobre, Sébastien Lecornu a remis sa démission à Emmanuel Macron, qui l’a aussitôt acceptée. Une situation inédite qui plonge à nouveau l’exécutif dans l’incertitude. Le politologue Olivier Rouquan livre son analyse pour Planet.fr.
 

Du jamais vu sous la Ve République. Moins de vingt-quatre heures après avoir présenté son gouvernement, Sébastien Lecornu a quitté Matignon. "Les conditions ne sont plus réunies pour exercer les missions de Premier ministre", a-t-il déclaré dans la cour de Matignon, ce lundi 6 octobre.

L’ancien chef du gouvernement a détaillé trois raisons à sa décision. Il reproche aux partis politiques d’avoir minimisé la portée de son engagement, annoncé vendredi dernier, de ne pas recourir au 49.3. "Il n’y avait plus de prétexte pour une censure préalable", a-t-il insisté, visant le Parti socialiste, qui menaçait toujours de déposer une motion de censure malgré cette promesse. Il déplore l’attitude des formations politiques, accusées de rester campées sur leurs positions "comme si elles disposaient toutes d’une majorité absolue à l’Assemblée nationale". "J’étais prêt à des compromis, mais chacun voulait imposer l’intégralité de son programme", a-t-il regretté, dénonçant une absence d’esprit de coalition.

Cinq Premiers ministres en seulement trois ans

Sébastien Lecornu a également évoqué les tensions autour de la formation du gouvernement, des discussions "peu fluides" qui auraient "réveillé certains appétits partisans, en lien avec la présidentielle". L’annonce de la composition du cabinet a d’ailleurs provoqué la colère de Bruno Retailleau, président du parti et ministre de l’Intérieur démissionnaire, qui a convoqué dès ce matin les instances dirigeantes de LR.

Depuis la réélection d’Emmanuel Macron en mai 2022, cinq Premiers ministres se sont succédés à Matignon. Le dernier en date, Sébastien Lecornu, aura connu une expérience express. Contrairement à Michel Barnier ou François Bayrou avant lui, il n’a jamais pu installer de cohésion au sein de son équipe. Désormais, le chef de l’État doit choisir entre nommer un successeur ou tenter de reconduire le Premier ministre démissionnaire, une option qui semble impossible.

"L’arbitrage par les citoyens semble être le meilleur moyen"

Pour Olivier Rouquan, politologue, une issue démocratique s’impose. "C’est ce qui semblerait le plus logique. Par trois fois, la nomination du Premier ministre a été difficile, avec des gouvernements à la durée de vie très courte et une majorité impossible. L’arbitrage par les citoyens semble être le meilleur moyen."

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Une nouvelle dissolution de l’Assemblée nationale n’est donc pas exclue, même si elle comporte des risques politiques majeurs. "Dissoudre aujourd’hui, c’est prendre le risque de voir le Rassemblement national se rapprocher du pouvoir avec une majorité. En 2024, les Français s’y étaient opposés, mais cela reste institutionnellement et démocratiquement possible", souligne le politologue. Selon lui, le véritable défi reste inchangé : "La difficulté sera toujours la même : trouver une majorité, même relative. Le jeu parlementaire est fragmenté, les partis eux-mêmes divisés. À moins d’une prise de conscience collective et de nouvelles alliances, il est difficile d’imaginer une majorité stable."

En attendant, le calendrier parlementaire est suspendu, et la déclaration de politique générale, prévue le 7 octobre, est annulée. 

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