Budget 2026 : Sébastien Lecornu pourrait-il finalement avoir recours au 49.3 ?
Depuis plusieurs semaines, le spectre d'une crise institutionnelle plane sur les finances de la France. L'échec de la commission mixte paritaire (CMP) le 19 décembre a confirmé l'impasse : députés et sénateurs ne sont pas parvenus à s'entendre sur le Projet de loi de finances 2026. Pour éviter la fermeture des services publics au 1er janvier, une "loi spéciale" a été votée en urgence le 23 décembre pour que l'Etat continu de fonctionner "normalement". Mais de nombreux acteurs et observateurs pensent que Sébastien Lecornu se reniera et usera du 49.3 pour faire passer en force son budget.
Sébastien Lecornu résiste... pour l'instant ?
Comme le souligne Emmanuel Macron, cité par Le Parisien, "La loi spéciale, ce n’est pas un budget." Puisque lui-même le reconnaît, pourquoi son Premier ministre continue-t-il de refuser l'usage du 49.3 ? Parce qu'il l'a promis ? Chacun sait ce que valent les promesses en politique, parfois sur des sujets bien plus futiles que le déficit abyssal de la France. Ses anciens alliés LR l'encouragent ainsi à revoir sa position. Phillipe Juvin, le rapporteur du parti pour le budget l'enjoint ainsi de "se sentir libéré de sa promesse" dans les colonnes de nos confrères, ce "dans les quinze premiers jours de janvier."
Quant au chef du parti Bruno Retailleau, c'est dans Ouest-France qu'il demandait au Premier ministre de "se saisir" du 49.3 dès le début du mois de décembre. Mais il n'y a pas qu'eux à le réclamer. La liste est longue, poursuit Le Parisien : "Gérard Larcher, le président du Sénat, Élisabeth Borne, l’ancienne Première ministre, Marc Fesneau, le président du groupe MoDem, ou encore François Hollande, l'ex-président socialiste..."
Même les socialistes poussent pour le 49.3
Marc Fesneau justement, rapporte Libération, a ainsi déclaré sur TF1 : "Je pense que le Parti socialiste sera d’accord pour un 49.3. Ce sont des gens responsables, il faut simplement les traiter", alors que Sébastien Lecornu a consultés ses leaders lundi 22 décembre. Et ils ont assuré en sortant de Matignon que l'article n'avait même pas été évoqué, eux qui se disent contre son usage depuis le début des débats. Sauf qu'en coulisses comme évoqué, le chef officieux du PS, aurait changé d'avis, et pas lui uniquement : "Hollande dit tout haut ce que le groupe pense tout bas", souffle un cadre du groupe à nos confrères...
Emmanuel Macron "pressé" d'en finir
Le président de la République, s'il a validé la loi spéciale, commence à être pressé d'en finir. Et lui aussi pencherait pour le 49.3 : "Parce que les Français ont besoin d’un budget et les acteurs économiques s’impatientent", insiste l'entourage d'Emmanuel Macron. Cité par Le Parisien, Hervé Marseille, président des sénateur UDI : "Maintenant il n’y a pas 36 solutions, c’est le 49.3."
La motion de censure s'éloigne
En effet, un passage en force par 49.3 n'entraînerait sans doute pas de censure de la part des oppositions : aucune ne veut désormais de législatives anticipés à quelques semaines des municipales. Un "stratège" du gouvernement affirme : "Ça sera compliqué par les socialistes d’assumer ça auprès de l’opinion. S’ils avaient voulu la faire, ça aurait dû être plus tôt. Là, c’est trop tard."
Suite à une énième réunion de Sébastien Lecornu avec le socle commun cette semaine, un des participants a confié cette conclusion à nos confrères: "Il essaie de nous démontrer qu’à la fin, il faudra bien une solution. C’est le 49.3 ou les ordonnances. Sauf que les ordonnances, c’est pire encore. Il y a un mois, quand on lui parlait du 49.3, la réponse était clairement non. Maintenant, il n’est plus aussi catégorique. Car il sait que de toute façon les socialistes ne voteront jamais son budget."