Sans budget au 31 décembre, les municipales 2026 risquent-elles d’être repoussées ?

Publié par Suruthi Srikumar
le 09/12/2025
Sans budget au 31 décembre, les municipales 2026 risquent-elles d’être repoussées ?
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Si le gouvernement ne parvient pas à faire adopter le projet de loi de finances, il pourrait être tenté de recourir à une loi spéciale. Une telle option aurait toutefois un impact majeur sur l’organisation des élections, pour lesquelles une enveloppe de 300 millions d’euros est prévue.

C'est une question qui agite les mairies de France à l'approche d'une échéance cruciale. Alors que les discussions sont particulièrement tendues à l'Assemblée nationale, l'absence de budget voté avant le 31 décembre pourrait-elle entraîner un report des élections municipales, prévues les 15 et 22 mars 2026 ? La crainte est réelle chez les élus. "L’ensemble des maires s’inquiètent et sont attristés par la situation politique actuelle", confirme au Parisien Antoine Homé, maire de Wittenheim et coprésident de la commission des Finances de l’Association des maires de France (AMF).

Si le gouvernement ne parvient pas à faire adopter son projet de loi de finances, il pourrait être contraint de recourir à une loi spéciale pour assurer la continuité de l'État. Une solution d'urgence qui ne serait pas sans conséquences. "Une loi spéciale, c’est une rustine, qui ne fait que repousser dans le temps les échéances", regrette Antoine Homé.

Pourquoi le budget est-il si crucial pour les élections ?

L'organisation d'un scrutin national a un coût, et celui-ci est précisément inscrit dans le budget de l'État. Pour les élections municipales et sénatoriales de 2026, une enveloppe globale d'un peu plus de 300 millions d'euros est prévue. Ce montant se décompose en plusieurs postes : 221,7 millions d'euros pour l'organisation matérielle et logistique pilotée par le ministère de l'Intérieur, 68 millions d'euros pour le financement des partis politiques et 10,6 millions pour la Commission nationale des comptes de campagne.

Sans budget adopté, le ministère de l'Intérieur ne peut théoriquement pas débloquer ces sommes. "Cela complique effectivement les choses", admet-on à Beauvau, tandis qu'à Bercy, on confirme que ce serait "de l’argent a priori perdu pour ce ministère", rapporte Le Parisien. Une situation qui alimente logiquement les inquiétudes.

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Le scrutin peut-il vraiment être annulé ?

Malgré ce casse-tête financier, la réponse est non. Les élections municipales ne seront pas reportées pour cette raison. "Au même titre que la continuité de l’État, des solutions existent également pour assurer celle de la vie démocratique", rassure dans Le Parisien Luc-Alain Vervisch, directeur des études à la Banque postale. Le principe de la continuité démocratique prime.

La solution est avant tout technique. Comme le confirme Benjamin Morel, docteur en sciences politiques, les dépenses liées aux élections pourraient être directement prélevées sur le budget global du ministère de l’Intérieur, qui s'élève à 26 milliards d'euros pour 2025. Le ministère pourrait ensuite demander un remboursement une fois la situation budgétaire de l'État régularisée. Le scrutin est donc bien à l'abri.

Quel est le véritable risque pour les communes ?

Si les élections sont sauvées, le blocage budgétaire a des conséquences bien plus directes et profondes pour les citoyens. Le vrai danger ne pèse pas sur le vote, mais sur les projets locaux. "Tant qu’il n’y a pas de budget, le fonctionnement courant des services publics est assuré. Mais l’investissement local, lui, est à l’arrêt", alerte Antoine Homé à l'AMF, indique encore Le Parisien.

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