Budget 2026 : Bruno Retailleau (LR) exhorte Lecornu à "assumer" un 49.3
C'est sur l'antenne de Sud Radio que la charge a été lancée. Ce mercredi, le président du groupe Les Républicains au Sénat, Bruno Retailleau, appelle Sébastien Lecornu à utiliser le 49.3 pour faire adopter les budgets de l'État et de la Sécurité sociale. Une injonction directe, assumée comme une solution tactique face au blocage des débats à l'Assemblée nationale.
Pour le sénateur, le Premier ministre ne prendrait aucun risque politique majeur. "Il faut l'assumer. (...) Je suis persuadé que jamais les socialistes ne voteraient une censure. Donc, pourquoi n'utilise-t-il pas ce que la Constitution lui permet de faire pour avoir un budget conforme aux intérêts de la Nation ?", a-t-il interrogé. Une manière de renvoyer le gouvernement à ses propres responsabilités face à une majorité très relative.
Une fin de non-recevoir catégorique de l'exécutif
La réponse du gouvernement ne s’est pas fait attendre. Quelques minutes plus tard sur BFMTV, la porte-parole Maud Bregeon a opposé une fin de non-recevoir cinglante, qualifiant la sortie du sénateur d'"un peu facile". La position du gouvernement sur le 49.3 pour le budget est donc sans ambiguïté : "On s'est engagé à ne pas l'utiliser, nous n'utiliserons pas le 49.3", a-t-elle martelé.
Cette position réaffirme la promesse faite début octobre, lorsque Sébastien Lecornu a annoncé qu'il renonce à l'article 49.3 pour les textes budgétaires. Pour l'exécutif, toute utilisation du 49.3 pour le budget 2026 reviendrait "à acter l'échec des discussions parlementaires", comme l'a précisé Maud Bregeon, et à "déresponsabiliser tout le monde". Un refus de principe, alors que les débats sur le Projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) s'avèrent particulièrement difficiles.
Un pari risqué face à un déficit abyssal
Malgré la pression, le gouvernement maintient donc son pari d'obtenir un "compromis parlementaire" et d'aller "au vote au bout", dont l'échéance est fixée au mardi 9 décembre pour le PLFSS. L'exécutif l'a répété à plusieurs reprises : il n'y a "pas de plan B" ni de "procédure alternative" en cas d'échec.
Les conséquences d'un rejet du budget de la Sécurité sociale seraient en effet lourdes. Le gouvernement met en garde contre un déficit qui pourrait avoisiner les 30 milliards d'euros pour 2026 si aucun texte n'est adopté. L'appel de Bruno Retailleau n'est d'ailleurs pas isolé. D'autres figures politiques, y compris au sein du camp central comme Édouard Philippe (Horizons) ou Marc Fesneau (MoDem), estiment que l'arme constitutionnelle reste la "meilleure solution" pour surmonter le blocage. Une pression qui ne cesse de s'accentuer sur les épaules du Premier ministre.