“Le macronisme s’achèvera avec Emmanuel Macron” : Bruno Retailleau s’en prend à Emmanuel Macron
Bruno Retailleau n’a pas mâché ses mots. Dans une interview publiée mardi soir par Valeurs Actuelles, le ministre de l’Intérieur et patron des Républicains a attaqué frontalement le chef de l’État et son courant politique. “Le macronisme s’achèvera avec Emmanuel Macron, tout simplement”, assène-t-il, estimant que ce dernier “n’est ni un mouvement politique, ni une idéologie : il repose essentiellement sur un homme”.
Une déclaration à laquelle il ajoute : “Je ne crois pas au ‘en même temps’, car il alimente l’impuissance.” Pour Bruno Retailleau, l’ambiguïté idéologique d’Emmanuel Macron qui revendique être “centriste” empêche toute action claire.
S’il siège dans la coalition gouvernementale de la droite et du centre, le ministre LR rappelle qu’il ne s’agit en rien d’un ralliement. Il rappelle que sa situation “n’est pas une adhésion au macronisme”, mais qu’elle est animée par “l’intérêt général” et par son “refus que la gauche mélenchonisée accède au pouvoir.”
Une droite “utile mais pas docile”
Bruno Retailleau assume incarner une ligne dure et clairement à droite au sein de l’exécutif. Il revendique sa participation au gouvernement de François Bayrou “pour peser de tout le poids de (ses) convictions de droite”. Dans cette optique, il cible particulièrement la France insoumise, qu’il qualifie de “pire menace politique”, davantage encore que le Rassemblement national.
Il appelle notamment à “assumer un cordon sanitaire” contre LFI aux municipales de 2026, estimant que la droite devra être “au cœur d’un bataillon de choc le plus élargi possible”. Mais sans jamais évoquer explicitement une alliance avec l’extrême droite, malgré sa proximité avec certaines propositions du RN.
Une majorité vent debout
Les réactions ne se sont pas fait attendre. Élisabeth Borne, ex-Première ministre et actuelle ministre de l’Éducation, a condamné les propos du ministre de l’Intérieur : “Le macronisme est une idéologie ET un parti politique. Tenter de diviser le socle commun, c’est affaiblir les remparts contre les extrêmes ! ”, écrit-elle sur son compte X. Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique, est également montée au créneau, défendant un “choix de l’action face au populisme, du rassemblement face à la division”.
Le parti Renaissance a dénoncé des propos “inacceptables” de la part d’un ministre membre d’un “gouvernement de coalition”. “Le temps passé à diviser et à déclencher ces polémiques est du temps perdu pour l’action au service des Français”, a réagi le mouvement présidentiel sur le réseau social.
Même son de cloche pour Aurore Bergé, ministre de l’Égalité femmes-hommes : “Le macronisme ne s’arrêtera pas. Ni aujourd’hui, ni dans 2 ans, ni après. Personne ne l’effacera.” Marc Ferracci, ministre de l’Industrie et proche du président, a lui aussi dénoncé un “manque de respect” qui ne fait “que fragiliser un projet politique rassembleur”.
Interrogée ce mercredi sur TF1, la porte-parole du gouvernement, Sophie Primas, a tenté d’apaiser les tensions : “Nous avons des convictions différentes. C’est ce que Bruno Retailleau veut exprimer.” Une tentative de conciliation bien insuffisante, alors que la fracture semble désormais béante au sein même de la majorité présidentielle.