“Je lâche le manche” : cette déclaration étrange d’Emmanuel Macron, bien avant la fin de son quinquennat

Publié par Elise Laurent
le 05/11/2025
Emmanuel Macron
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© Jacovides Dominique/Pool/ABACA
Le président a cherché à renouer avec les Français lors d’un déplacement en Charente-Maritime, ce mardi. Il s’agit de son premier sur le territoire national depuis un mois et demi, dans un contexte d’impopularité record.
 

“Il a fait un choix de recroquevillement qui signe la fin du macronisme”. C’est ce qu’avance un ministre au sujet d’Emmanuel Macron dans les colonnes du Parisien. Le président de la République, était pourtant en déplacement à La Rochelle pour les Assises de l’économie de la mer ce mardi 4 novembre, pour renouer avec un format de dialogue proche de celui du Grand Débat, initié après la crise des “gilets jaunes”.

Emmanuel Macron s’est exprimé peu après midi, à l’occasion de la 20ᵉ édition de l’évènement, évoquant notamment les enjeux énergétiques et appelant à accélérer le développement de l’éolien en mer. Dans l’après-midi, le chef de l’État s’est rendu dans un collège de Rochefort pour échanger avec des élèves sur les réseaux sociaux, avant de visiter la maison de l’écrivain Pierre Loti.

“Sur la politique nationale, je lâche le manche”

Certains estimaient que le président aurait pu profiter de l’occasion pour s’exprimer sur l’actualité nationale, alors que les députés examinaient le budget de la Sécurité sociale. Mais toute prise de parole sur ces sujets aurait risqué de raviver les tensions avec ses propres élus, déjà irrités par ses récentes déclarations publiques.

En effet, Emmanuel Macron semble opter pour un pas de côté, laissant à ses ministres le soin de gérer les affaires intérieures. Après sa déclaration très critiquée sur les retraites, le chef de l’État a reconnu auprès de ses proches avoir pris la mesure des vives réactions de ses propres élus. “Sur la politique nationale, je lâche le manche”, leur aurait-il assuré, selon les informations du Parisien.

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Certains députés macronistes se disent soulagés par cette annonce. “Désormais, je ne l’écoute plus. Il nous a fait beaucoup de mal. Si on veut essayer de sauver la fin de ce quinquennat, c’est plus raisonnable qu’il se tienne éloigné de nous”, explique un député Ensemble pour la République au quotidien. La prise de distance du président laisse toutefois d’autres élus “blasés”, selon un député interrogé par RTL : “Quand il s’exprime sur la politique intérieure, c’est depuis l’étranger et quand il est sur le territoire, il n’en parle pas.”

Cette décision survient après une intervention controversée sur la réforme des retraites. Le 21 octobre en Slovénie, Emmanuel Macron avait évoqué la possibilité d’un référendum et refusé toute suspension du projet, parlant seulement d’un “décalage” dans le temps. Cette déclaration a irrité la gauche et compliqué les négociations budgétaires de Sébastien Lecornu avec les socialistes. “Ça lui a fait ch*** de devoir capituler sur la réforme des retraites, il ne l’a pas digéré”, confie un député du socle commun à RTL.

Une désaffection progressive au sein de son camp

Depuis plusieurs semaines, Emmanuel Macron semble perdre le soutien de ses proches. Édouard Philippe lui aurait suggéré de planifier sa démission, tandis que Gabriel Attal déclare ne plus comprendre le président. Un proche justifie ces désertions dans Le Figaro : “Si tu es parlementaire et que tu veux garder ton job en 2027, quel intérêt à défendre le président alors qu’il ne peut pas se représenter ?”

Cette prise de distance survient alors que le chef de l’État enregistre une impopularité record auprès des Français. Selon le sondage Verian pour Le Figaro Magazine, sa cote de confiance dégringole à 11 %, en baisse de cinq points par rapport au baromètre de septembre. 
 

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