7 mesures qui pourraient peser sur vos impôts en 2026
Dix jours après la démission de François Bayrou et la nomination de Sébastien Lecornu à Matignon, le second a un peu revu la copie du premier. Dans l'espoir de former un gouvernement qui puisse au moins durer jusqu'à la fin du mandat d'Emmanuel Macron en 2027, et faire adopter un budget de compromis en octobre à l'Assemblée nationale, ce fidèle du Président a lâché - un peu - de lest.
Budget 2026 : moins d'économies que prévu ?
En effet, en lieu et place des 44 milliards d'économies (en réalité une réduction d'environ 30 milliards des dépenses publiques et des rentrées fiscale d'environ 10 milliards), les "ambitions" du nouveau Premier ministre auraient été revues à la baisse : il plancherait plutôt sur 35 ou 30 milliards d'euros, voire moins comme le recommande l'opposition (les Républicains seraient d'accord avec les premiers chiffres).
Des mesures abandonnées ou prises pour séduire la gauche ?
Par "la gauche", on entend surtout le Parti socialiste. Car du côté de La France Insoumise, du Parti communiste ou des Ecologistes, reçus pour consultations en début de semaine par Sébastien Lecornu, on affirme qu'aucune concession ne sera faite : les fameuses "lignes rouges" ne doivent pas être franchies (retraite, santé...) dans le contenu de la nouvelle proposition de budget. Le PS tient, par la voix d'Olivier Faure, son premier secrétaire, ou de "l'éléphant" François Hollande, le même discours.
Mais des mesures que toute la gauche, dont les socialistes (ou même le RN), rejetait, ont été supprimées et d'autres qu'elle plébiscitait, adoptées. Dès les premiers jours, Sébastien Lecornu a annoncé abandonner la suppression de deux jours fériés qui cristallisait les rancœurs d'une majorité de Français.
Pas de taxe Zucman mais des hausses d'impôts ciblées ?
Puis, il a décidé d'acter la fin d'une partie des privilèges accordés aux anciens Présidents et Premiers ministres. Un peu démagogique (moins de 5 millions d'économies par an...) mais très habile et efficace auprès de l'opinion. Puis, le Graal pour la gauche comme pour le RN, s'il écarte la taxe Zucman telle quelle, il envisage bien de surtaxer certaines catégories de contribuables (devinez lesquelles).
Découvrez lesquelles dans notre diaporama ci-dessous, mais également des mesures qui figuraient au menu du budget Bayrou, qui n'ont pas été elles, abandonnées, voire qui ont évolué en défaveur des personnes visées. Voici 7 propositions qui pourraient vous toucher dès 2026, dont 5 sont déjà inscrites dans un projet de loi.
Les retraités aisés mis à contribution ?
Si Sébastien Lecornu semble avoir écarté l'idée de supprimer l'abattement de 10 % dont bénéficient tous les retraités chaque année et de ne pas revaloriser les pensions, il penserait à taxer davantage les plus aisés. Cette proposition semble faire consensus... sauf à l'extrême gauche et au Rassemblement national.
Une hausse des taxes sur les hauts revenus
Cette mesure est déjà inscrite dans un premier projet de loi mais pourrait évoluer vers une taxe plus importante, sans que l'on en connaisse encore les détails. La CDHR (contribution différentielle sur les hauts revenus) serait prolongée. Elle a été créée pour que les ménages les plus aisés (plus de 250 000 euros annuels pour une personne seule, 500 000 euros pour un couple) paient un minimum d'impôt sur le revenu (quand certains usent de l'optimisation fiscale, voir ci-après). Ce minimum est fixé à 20 %.
D'après MoneyVox, qui nous donne l'information, le gouvernement Bayrou travaillait en plus "sur une évolution du dispositif, sous forme de taxe différentielle sur le patrimoine ou des mesures anti-optimisation visant les sociétés holdings patrimoniales."
Moins d'APL pour les ménages les plus aisés ?
Les Aides personnalisées au logement (APL) pourraient être supprimées pour les ménages les plus aisés. "Selon nos sources, les étudiants étrangers et ceux rattachés aux 20 % des foyers fiscaux les plus aisés pourraient ne plus y avoir accès", indiquent Les Echos.
Cette mesure est aussi inscrit au projet de loi.
La réduction d'impôt pour frais de scolarité va sauter ?
Sébastien Lecornu envisagerait bien la suppression de la réduction d'impôt pour frais de scolarité au collège et au lycée qui permet actuellement aux familles imposables d'obtenir une remise annuelle de 61 euros par collégien et 153 euros par lycéen. Les études supérieures ne seraient pas concernées. D'après le site DémarchesAdministratives cela ne ferait toutefois que 450 millions d'euros d'économies.
Mais, un rapport du Conseil des prélèvements obligatoires (CPO) indique, qu'en 2021 "Les deux tiers des bénéficiaires au collège appartenaient aux 30 % des Français les plus aisés. Cette proportion atteint 67 % au lycée..."
Cette mesure est aussi inscrit au projet de loi.
Abaissement du seuil de la TVA pour les auto-entrepreneurs : le retour ?
Cette mesure votée en début d'année prévoyait "l'abaissement du seuil de TVA à 25 000 euros, tous secteurs confondus", pour les auto-rentrepreneurs rappelle Capital. Elle avait suscité une levée de boucliers, et l'Assemblée avait fini par voter à nouveau, mais pour son abandon, en juin 2025 (le seuil est resté du coup à 85 000 euros ou 37 500 euros selon les secteurs). Oui mais voilà, François Bayrou est revenu à la charge avec une nouvelle mouture avant sa démission, mouture que souhaite reprendre le nouveau Premier ministre.
Il s'agirait "D’unifier les seuils d’exemption de TVA à hauteur de 37 500 euros de chiffre d’affaires annuel" pour tous sauf pour le bâtiment, qui verrait son abaissé à 25 000 euros, rapportent Les Echos. Les principales victimes seraient les commerçants.
A nos confrères, Jean-Guilhem Darré, délégué général du Syndicat des indépendant, déclare, à propos du seuil actuel de 85 000 euros : "Des dizaines de milliers de commerces, notamment en zone rurale, se basent sur ce modèle économique, alerte l’expert. Sachant que ces derniers gagnent entre 900 et 1 200 euros en moyenne par mois actuellement, ils vont disparaître si cela se concrétise."
Cette mesure est aussi inscrit au projet de loi.
Une limitation du dispositif "Madelin" ?
Depuis le milieu des années 90, les contribuables qui mettent des billes dans le capital des PME bénéficient d'une réduction fiscale minimale de 18 % sur les sommes investies : c'est le dispositif "Madelin" ou "IR-PM". Coût pour l'Etat : 150 millions par an, d'après Les Echos. François Bayrou prévoyait de limiter ce dispositif, pour le réserver au financement des "jeunes entreprises innovantes" ou JEI. Ce qui semble séduire Sébastien Lecornu.
Cette mesure est aussi inscrit au projet de loi.
Pas de taxe Zucman mais un retour de l'ISF ?
L'ISF, l'impôt sur la fortune, remplacé par l'impôt sur la fortune immobilière (IFI) en 2018 sous l'impulsion d'Emmanuel Macron, pourrait être rétabli sous la pression de la gauche si la taxe Zucman est définitivement abandonnée (c'est une "ligne rouge", mais pour la macronie et le Medef cette fois). L'ISF était supposé favoriser la fuite des contribuables concernés à l'étranger.
Mais, d'après une étude du Conseil d'analyse économique (CAE) qui a fait beaucoup de bruit, ce ne serait pas le cas. Les Echos, toujours, citent les conclusions de l'étude : en réalité, sur les 1 % de Français les plus riches, ils ne sont que 0,2 % à quitter le pays chaque année. C'est presque "Deux fois moins que lorsqu'on considère l'ensemble de la population française (0,38 %)."
"Le débat public, en se focalisant sur l'exil fiscal, se trompe sans doute de cible" affirme le CAE pour qui les "Flux totaux d'expatriation restent très faibles en part de la population concernée."