Hausse des impôts : pourquoi des milliers de ménages seront rattrapés en 2026 ?

Publié par Matthieu Chauvin
le 16/07/2025
Annonces budget 2026 Bayrou
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© Lafargue Raphael/ABACA
Parmi les annonces faites hier par François Bayrou pour faire des économies de plus de 43 milliards d'euros dans le prochain budget 2026, figure le gel du barème de l'impôt sur le revenu. On pourrait croire que s'il n'augmente pas, il en sera de même pour les prélèvements. Non seulement c'est le tout le contraire qui devrait se produire, mais des foyers qui n'y étaient pas soumis risquent fort de devoir désormais s'en acquitter.
 

L'année blanche figurait bien dans les propositions d'économies faites par François Bayrou mardi 15 juillet, pour le budget 2026. Et donc, un gel du barème de l'impôt sur le revenu, entre autres. On pourrait se dire que s'il n'augmente pas, les prélèvements non plus. Mais c'est bien le contraire qui va se produire si le Premier ministre n'est pas censuré à la rentrée. 

Des centaines de milliers de Français concernés

Non seulement des milliers de contribuables pourraient grimper d'une tranche d'imposition, donc payer plus cher, mais des centaines de milliers de foyers qui étaient exemptés de l'IR deviendraient imposables. Pour les opposants (LFI, PS, RN), c'est tout simplement une hausse déguisée, quand on nous avait promis que cela n'arriverait pas, alors que la France est déjà le pays où les travailleurs sont les plus taxés au monde.

Une inflation faible mais pénalisante pour les ménages

Tous les ans, les cinq tranches du barème de l'imposition, sont réévaluées en fonction de l'inflation. En 2025, elles sont les suivantes :

  • jusqu'à 11 497 euros : 0 % ;
  • de 11 498 euros à 29 315 euros : 11 % ;
  • de 29 316 euros à 83 823 euros : 30 % ;
  • de 83 824 euros à 180 294 euros : 41 % ;
  • plus de 180 294 euros : 45 %.

Ces montants à partir desquels le pourcentage d'imposition est appliqué resteraient donc les mêmes l'année prochaine. Résultat, ceux qui ont vu leur revenu augmenter pourraient payer plus d'IR, et ceux aux salaires trop faibles qui n'en payaient pas, car au-dessous des montants imposables, "rentreraient dans l'impôt". 

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Monter d'une tranche ou rentrer dans l'impôt 

Interrogé par Le Parisien, Erwann Tison, le directeur des études de l’Institut Sapiens, résume la situation ainsi : "Cette décision va faire entrer dans l’impôt des centaines de milliers de personnes, aujourd’hui en dessous des seuils d’imposition. Jusqu’à 11 497 euros annuels par part fiscale, le taux de la tranche est à 0 %, mais, de 11 498 euros à 29 315 euros, il passe à 11 %." Quant à ceux par exemple, qui ont vu leur salaire augmenter de 29 315 à 29 316 euros bruts annuels,  leur imposition monterait d'une tranche, passant d'un coup de 11 % de prélèvement à 30 % ! Une sacrée culbute, qui va impacter fortement le pouvoir d'achat, même si les 30 % ne s'appliqueront que sur la part qui dépasse les 29 315 euros. Mais "tout le monde doit faire des efforts" martèle le Premier ministre.

Des effets délétères pour les moins bien lotis

Auprès du quotidien, Henri Sterdyniak, économiste à Sciences-po, estime lui "à 300 000, environ, le nombre des ménages concernés."  "Pour beaucoup, l’entrée dans le barème payant se fera pour quelques centaines d’euros. Cette petite somme, taxée à 11 %, générera donc un impôt modeste, de l’ordre de quelques dizaines d’euros."  Problème :  "Des administrés aux faibles revenus risquent de perdre certains avantages réservés aux non imposables, par exemple en matière d’aides municipales."

Une mesure symbolique qui ne réglera pas le problème du déficit

En effet, l'inflation étant faible, l'Etat ne renflouera pas ses caisses avec cette mesure. Henri Sterdyniak la juge d'ailleurs "symbolique". "Elle permet une symétrie : c’est une façon de montrer que tout le monde participe à l’effort, à l’heure où les retraités sont mis à contribution, comme les familles nombreuses, qui risquent de perdre des prestations sociales." Le gain, comme l'inflation, sera très faible au vu du déficit de 3 000 milliards d'euros et des plus de 43 milliards d'euros que veut récupérer François Bayrou. Erwann Tison conclut, toujours interrogé par nos confrères : "Collecter l’impôt coûte à l’État 75 euros par personne et par an. Si le montant que vous percevez est inférieur à cette somme, ce n’est pas rentable." Il faut vite l'expliquer au Premier ministre !

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