Mort d’Agathe : ces éléments qui ont permis de remonter jusqu’au suspect placé en garde à vue
L’enquête s’accélère. Un homme a été interpellé mercredi et placé en garde à vue dans le cadre de l’enquête sur la mort d’Agathe Hilairet. Ce vendredi 12 septembre, il est présenté à un juge “en vue de sa mise en examen du chef de meurtre précédé d’enlèvement et séquestration”, a annoncé la procureure de la République de Poitiers dans un communiqué.
Un profil déjà connu de la justice
C’est l’analyse minutieuse de près de 200 profils “d’intérêt prioritaire”, inscrits au fichier des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes, qui a permis aux enquêteurs de cibler cet individu. Âgé d’une soixantaine d’années, il avait déjà été condamné à 12 ans de prison en 1994 pour viol, puis à 30 ans en 2004 pour viol en récidive et agression sexuelle.
Les circonstances du drame restent à établir
Agathe Hilairet, passionnée de trail, avait quitté le domicile familial le 10 avril vers 10h30 pour aller courir. Le lendemain, une enquête pour “disparition inquiétante” était ouverte par le parquet de Poitiers. Pendant une semaine, un important dispositif de recherche avait été déployé avant la levée des recherches le 17 avril.
C’est finalement un promeneur qui avait découvert le corps d’Agathe, le 4 mai, dans un sous-bois situé en périphérie des zones initialement explorées. L’autopsie, pratiquée dans les jours suivants, n’avait pas permis d’identifier clairement les causes de la mort. Aucun signe évident de violence n’avait été relevé à ce stade. Toutefois, les données de sa montre connectée avaient orienté les enquêteurs vers la piste criminelle : elles révélaient une hausse brutale de son rythme cardiaque, suivie d’un arrêt, ainsi qu’un déplacement postérieur du corps, suggérant une intervention humaine.
Voici quelques éléments qui ont permis aux enquêteurs de remonter jusqu’au suspect.
Son corps a été déplacé
La piste criminelle avait été accréditée après l’examen de la géolocalisation de la montre connectée de la jeune femme qui avait permis d’établir que son corps avait été déplacé.
Un arrêt brutal des pulsations du coeur
L’appareil montrait aussi une hausse importante et brutale des battements de cœur de la jeune femme, puis un arrêt définitif des pulsations le jour de sa disparition. D’après les données de la montre, son cœur s’est arrêté précisément à l’endroit où les chiens de recherche avaient perdu sa trace. Pourtant, son corps a été retrouvé à moins d’un kilomètre de là.
Trois interpellations dans la Vienne
Trois suspects ont été interpellés dans la commune ce mercredi 10 septembre. Deux étaient entendus sous le régime de l’audition libre, le troisième, un quinquagénaire inscrit au Fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes (Fijais), a été placé en garde à vue. Après la disparition d’Agathe et la découverte de son corps le 4 mai, les enquêteurs se sont penchés sur les emplois du temps de nombreux délinquants sexuels inscrits au FIJAIS, susceptibles de s’être trouvés dans le secteur de Vivonne au moment des faits.
Pas d’alibi solide
Depuis plusieurs semaines, les gendarmes surveillaient de près cet ouvrier agricole au passé judiciaire chargé. Au fil des investigations, menées sous l’autorité d’un juge d’instruction de Poitiers, ils ont acquis la conviction qu’il ne pouvait fournir d’alibi solide pour le jour du crime.
Des antécédents très lourds
Né en 1965, l’homme résidait depuis peu dans le centre-ville de Vivonne. Il venait tout juste de sortir de prison, après avoir purgé une longue peine. Selon un communiqué du parquet de Poitiers, il a été condamné à deux reprises à de lourdes peines. En février 1994, il avait écopé de 12 ans de réclusion criminelle pour viol sous la menace d'une arme. En 2004, il avait été condamné à 30 ans de réclusion, assortis d’une période de sûreté de 20 ans, pour viol en récidive avec menace d’arme et agression sexuelle également en récidive. Après avoir été incarcéré en Corse, il bénéficiait depuis avril 2024 d’un aménagement de peine sous forme de placement extérieur dans le département de la Vienne. Il était soumis à un régime de surveillance judiciaire depuis le 5 octobre 2024, avec plusieurs obligations : injonction de soins, résidence imposée, interdiction d’entrer en contact avec les victimes, interdiction de porter une arme, et obligation de travail.
L’ADN d’Agathe retrouvé dans sa voiture
Dans un communiqué, la procureure de la République de Poitiers annonce que l’ADN d’Agathe a été retrouvé dans le véhicule de la personne interpellée. “Le 10 septembre 2025 matin, l’intéressé a été interpellé et placé en garde à vue. Son véhicule a été immédiatement placé sous scellé en vue de son exploitation. Les expertises réalisées dans le temps de la garde à vue ont permis de matérialiser la présence de l’ADN de la victime.”
L’homme a admis avoir été en contact avec Agathe Hilairet
Lors de son audition, l’homme a admis s’être rendu sur les lieux et avoir été en contact avec Agathe Hilairet, précise la procureure. Il a également reconnu avoir donné deux coups qui ont entraîné la mort, sans intention de la donner.