Affaire Grégory : la grand-tante mise en examen pour "association de malfaiteurs"

Publié par Matthieu Chauvin
le 24/10/2025
Tribunal de Dijon
Istock
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Soupçonnée d'être l'un des "corbeaux" de l'affaire Grégory, qui tient toujours en haleine des millions de Français 41 ans après le crime, Jacqueline Jacob, la grand-tante du petit garçon, a été de nouveau auditionnée ce vendredi par la Cour d'appel de Dijon puis mise en examen. Cette piste que continuent de suivre les enquêteurs est-elle pour eux la dernière chance de résoudre le fait divers le plus célèbre de notre histoire ?
 

Alors qu'elle aurait dû être entendue une première fois début septembre, Jacqueline Jacob avait bénéficié d'un report d'audience à la demande de ses avocats. Plus de 41 ans après le meurtre du petit Grégory Villemin, pourquoi sa grand-tante intéresse-t-elle autant les enquêteurs, qui ne semblent ne plus se focaliser que sur cette dame désormais âgée de 81 ans ? La Cour d'appel de Dijon pourrait avoir fait un grand pas ce vendredi 24 octobre 2025.

Jacqueline Jacob serait bien l'un des corbeaux

Comme cette sordide affaire en est aussi une de généalogie, au vu du nombre de protagonistes faisant plus ou moins partie de la même famille, rappelons qui est Jacqueline Jacob : c'est l'épouse de Marcel Jacob, l'un des frères de la grand-mère de Grégory. Si elle est à nouveau dans le viseur après une première mise en examen et même quatre jours passés en prison en 2017 (pour enlèvement et séquestration), c'est parce qu'elle est - plus que - soupçonnée d'être l'un des cinq corbeaux formellement distingués par les experts. Corbeaux qui ont harcelé des années durant la famille Villemin.

Quelles preuves accuseraient Jacqueline Jacob ?

L'AFP eu accès a un arrêt datant du 18 juin 2025 ordonnant - une nouvelle fois donc - l'interrogatoire de la grand-tante, qui était semble-t-il, jalouse du succès professionnel de Jean-Marie Villemin, le père de Grégory. L'agence a ainsi pu consulter des études graphologiques datant de 2017, complétées durant la période 2021-2023, d'analyses "stylométriques" : cette technique passe au crible "l'orthographe et les tournures de phrases" nous apprend Le Figaro.

Les experts seraient formels : Jacqueline Jacob aurait écrit aux époux Villemin trois lettres anonymes en 1983, parmi lesquelles celle datée du 4 mars de la même année, qui les menace directement et contient la phrase : "Je vous ferez (sic) la peau."  Mais ce n'est pas encore là le plus grave des soupçons qui pèsent sur la grand-tante.

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Jacqueline Jacob aurait "revendiqué" le crime

La stylométrie (technique apparue aux Etats-Unis dans les années 60), encore elle, permettrait de former "très fortement l'hypothèse" que Jacqueline Jacob est aussi l'auteure du courrier du 16 octobre 1984 dans lequel est revendiqué le crime : "J'espère que tu mourras de chagrin le chef (...) Voilà ma vengeance. Pauvre con."

De plus rappellent nos confrères, dès 2022, "son beau-frère, René Jacob, après avoir écouté un enregistrement d'un corbeau devant les gendarmes", leur avait déclaré : "Je pense avoir reconnu sa voix." Mais techniquement, ce dernier fait en constitue pas une preuve. Autrement, Jacquelin Jacob serait incarcérée depuis.

Les avocats de Jacqueline Jacob sont abasourdis

Par la voix d'un des avocats de Jacqueline Jacob, maître Frédéric Berna, cité par l'AFP, la défense estimait que ces éléments étaient "surréalistes et lunaires" et affirmait qu'elle contesterait toute demande de mise en examen. Pour elle, "la pseudo stylométrie" est une technique nouvelle sans plus de valeur scientifique. Et pointe que selon Philippe Astruc même, procureur général de Dijon, ces analyses "ne suffisent pas à constituer des indices graves ou concordants" pouvant entraîner une mise en examen. 

Jacqueline Jacob finalement mise en examen mais libre

Toutefois, le magistrat reconnaît qu'elles "interrogent légitimement sur la participation de Jacqueline Jacob à la réalisation de certains écrits et appels anonymes". Et aujourd'hui, après une heure et demi d'audition, décision a été prise de la mettre en examen pour "association de malfaiteurs." L'un de ses conseils, maître Stéphane Giuranna, a déclaré sur le perron du bâtiment : "Nous allons contester tous les éléments parce qu’ils sont tous contestables."

Il s'est ensuite dit "très inquiet que la justice rouvre ce dossier sans avoir de preuves matérielles incontestables. Nous ressortons de cette audience sans aucune mesure de coercition. Il n’y a même pas de contrôle judiciaire. C’est donc quand même que la justice se dit que ça ne pèse pas bien lourd" relate Le Parisien. Au micro de BFM TV, il a affirmé qu'un "appel va être déposé sur le fond" et "un certain nombre de recours procéduraux." Cette mise en examen ne serait pas selon lui pas possible à cause de la prescription des faits.

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