Affaire Grégory : pourquoi Jacqueline Jacob est-elle convoquée devant la justice ce 5 septembre ?
Jacqueline Jacob, 81 ans, grand-tante de Grégory Villemin et épouse de Marcel Jacob, est à nouveau au centre de l'affaire de la Vologne. Déjà mise en examen en 2017 - avant que la procédure ne soit annulée en 2018 - elle est convoquée ce vendredi 5 septembre à Dijon par le juge Dominique Brault pour un interrogatoire de première comparution. Cette audition pourrait aboutir à une mise en examen pour "association de malfaiteurs criminelle", selon une information exclusive de l'Est Républicain.
Une convocation décidée en juin
Le 18 juin dernier, la chambre de l'instruction de Dijon a ordonné un supplément d'information "aux fins d'interrogatoire de première comparution" de Jacqueline Jacob. C'est dans ce cadre que la retraitée doit être entendue cette semaine. La qualification visée concerne sa participation, entre 1982 et 1984, à une entente en vue de préparer un ou plusieurs crimes ou délits, dont l'enlèvement et l'assassinat de Grégory Villemin.
Jacqueline Jacob soupçonnée d'être le corbeau
De 1981 à 1984, la famille Villemin avait reçu des centaines d'appels anonymes et de nombreuses lettres de menaces. Le 16 octobre 1984, jour de la disparition de Grégory, un appel de revendication et une lettre postée à Lépanges-sur-Vologne établissaient un lien direct entre le corbeau et le crime. C'est cette continuité qui nourrit aujourd'hui encore les investigations, et qui explique pourquoi Jacqueline Jacob, soupçonnée d'avoir pu participer à cette campagne d'intimidation, est convoquée de nouveau.
Les éléments mis en avant par la justice ne sont pas neufs, mais ils ont récemment été réexaminés. Une expertise suisse en stylométrie attribue à Jacqueline Jacob les quatre lettres anonymes centrales du dossier : celles de mars, avril et mai 1983, ainsi que le courrier de revendication du crime posté le 16 octobre 1984. Ce même jour, un appel a été passé à Michel Villemin - l'oncle du petit Grégory - pour revendiquer le meurtre. Les spécialistes suisses attribuent également ce coup de fil à Jacqueline Jacob.
En outre, des experts en écriture la désignent comme l'auteure possible d'au moins deux de ces lettres. Les enquêteurs soulignent également que les horaires des appels du corbeau coïncideraient avec des moments où Jacqueline Jacob était disponible, que ce soit à son domicile, durant des arrêts maladie ou lors de délégations syndicales, ou au travail. Enfin, en 2022, René Jacob, beau-frère de Marcel, a affirmé reconnaître la voix et le rire de Jacqueline sur un enregistrement.
Des éléments contestés
Plus tôt dans l'année, le parquet général de Dijon estimait que les indices retenus ne suffisaient pas pour une mise en examen pour assassinat ou complicité. "Le magistrat avait indiqué que, pour lui, d’autres éventuelles infractions, comme l’association de malfaiteurs criminelle, si elles étaient retenues pour une mise en examen, seraient prescrites", écrit également L'Est Républicain. Les expertises, stylométriques ou graphologiques, font aussi l'objet de vives critiques : leurs résultats sont jugés discutables par les avocats de Jacqueline Jacob. Dans les colonnes du quotidien régional, l'un d'eux, Me Giuranna, martèle : "Jacqueline Jacob est totalement innocente des faits farfelus qu’on lui reproche".
En 2022, déjà, un autre de ses avocats, Me Berna, affirmait à Planet.fr : "Ils (Marcel et Jacqueline Jacob ; NDLR) ont un alibi pour le moment du meurtre, vérifié à l’époque par les gendarmes et qui est dans le dossier depuis plus de 30 ans, là dessus on est très tranquilles. Ils étaient à l’usine, ils bossaient jusqu’à 1 heure du matin. Ma cliente n’a appris le drame que le lendemain par la presse".
L'octogénaire conteste l'ensemble des faits et bénéficie de la présomption d'innocence. L'instruction en cours doit déterminer s'il existe des indices graves et concordants contre elle.
Une mise en examen en 2017
Jacqueline Jacob, son mari Marcel et Murielle Bolle avaient déjà été mis en examen en 2017 pour enlèvement et séquestration suivis de mort. Ils avaient passé quelques jours en détention avant d'être assignés à résidence. Ces mises en examen ont finalement été annulées en 2018 pour vice de procédure.