Mort d'Agathe : "il recommencera", un magistrat avait alerté sur le comportement inquiétant du principal suspect

Publié par Alice Ernult
le 15/09/2025
Justice
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Déjà condamné à deux reprises pour viols, Didier Laroche, 59 ans, a été mis en examen pour l’enlèvement et le meurtre d’Agathe Hilairet, disparue en avril dernier dans la Vienne.
 

“Laroche est un homme dangereux, violent, incapable de résister à ses envies : il recommencera”, avait prévenu l’avocat général devant la cour d’assises de Riom en 2003, où Didier Laroche, alors âgé de 37 ans, comparaissait pour deux agressions sexuelles. Le 12 septembre 2025, cet ouvrier agricole de 59 ans installé à Vivonne (Vienne) a été mis en examen pour l’enlèvement et le meurtre d’Agathe Hilairet, 28 ans, disparue alors qu’elle était partie faire son jogging le 10 avril.

Son corps avait été retrouvé près d’un mois plus tard dans un sous-bois. Une trace ADN de la jeune femme a depuis été identifiée dans le véhicule du suspect saisi mercredi matin dernier par les gendarmes. Un tel drame aurait-il pu être évité ? 

Un passé criminel lourd et inquiétant

En 1994 déjà, Didier Laroche est condamné à douze ans de réclusion par la cour d’assises du Puy-de-Dôme pour le viol, sous la menace d’une arme, d’une joggeuse deux ans plus tôt. En 1999, alors en permission, il récidive en agressant une autre femme… également une joggeuse, selon les informations du Parisien. “Rambo”, comme on le surnomme à l’époque, ne sera pas initialement confondu pour ces faits. 

Libéré l’année suivante, il viole, armé d’un couteau, une jeune femme de 24 ans après l’avoir suivie chez elle dans une maison isolée du Puy-de-Dôme en octobre 2001. Il sera condamné par la cour d’assises de Haute-Loire à trente ans de prison, dont vingt ans de sûreté en 2004. 

C’est lors de ce procès que l’avocat général avertit : “Laroche est un homme dangereux, violent, incapable de résister à ses envies. Il recommencera”. Me Jean-François Canis, qui l’a défendu en appel en 2004, le décrivait alors comme “un homme plutôt austère et fermé avec un parcours de vie difficile”. 

Placé sous surveillance judiciaire

Après avoir purgé une partie de sa peine au centre de détention de Casabianda en Corse, un établissement qui accueille principalement des criminels sexuels et favorise leur réinsertion par le travail agricole, Didier Laroche est libéré sur décision du tribunal d’application des peines de Bastia en avril 2024

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Placé sous surveillance judiciaire avec injonction de soins, il s’installe à Vivonne où il travaille dans une exploitation agricole. Selon son voisinage interrogé par le Courrier de l'Ouest, il se montre discret, parfois même sympathique. D’autres le décrivent comme “peu sociable” et replié sur lui-même. 

Pourtant en 2004, un expert psychiatre décrivait déjà chez lui un “profil psychopathique à forte composante névrotique”, évoquant une curabilité “incertaine”. L’avocat d’une de ses précédentes victimes, sollicité sur sa libération comme le veut la procédure, s’était d’ailleurs opposé à cette dernière, mais son avis n’a pas été suivi. 

Durant son audition, Didier Laroche a reconnu avoir porté deux coups à Agathe Hilairet. Il affirme ne pas avoir voulu la tuer. Il a ensuite déplacé son corps, ce que confirme l’analyse de la montre GPS de la jeune femme. Il encourt aujourd’hui la réclusion criminelle à perpétuité.

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