L'anesthésiste Frédéric Péchier condamné à la perpétuité pour 12 empoisonnements mortels
Jeudi 18 décembre, la cour d'assises du Doubs a rendu son verdict au terme de trois mois d'audience, a-t-on appris sur BFM TV. Frédéric Péchier, l'ancien anesthésiste de Besançon, a été reconnu coupable de l'intégralité des faits reprochés et condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une peine de sûreté de 22 ans.
Pourtant, les victimes présumées devront souffrir à nouveau : la défense a immédiatement annoncé faire appel de la décision. Ce rebondissement juridique plonge donc les parties civiles dans une nouvelle attente, alors que l'accusé, jusqu'ici libre, dort désormais en prison. L'affaire dure depuis presque 9 ans maintenant.
Mais en sortie d'audience, maître Randall Schwerdorffer a déclaré, cité par Le Parisien : "Nous avons déjà évoqué et anticipé qu’en cas de condamnation, la défense interjetterait appel de cette décision, ce qui va être fait aujourd’hui. Nous déposerons une demande de mise en liberté." Il se dit "convaincu de l’innocence de Frédéric Péchier. Il affronte cette nouvelle épreuve en restant debout."
Une sentence maximale et une incarcération immédiate
La cour d'assises n'a pas retenu les doutes soulevés par la défense. Elle a suivi les réquisitions de l'avocat général en prononçant la réclusion criminelle à perpétuité pour Frédéric Péchier. Les jurés ont estimé que l'ancien médecin était bien l'auteur des actes malveillants ayant visé ses collègues à travers leurs patients.
Le coup de théâtre de la fin d'audience réside dans la décision de la présidente ordonnant une incarcération immédiate malgré l'appel. Alors qu'il comparaissait libre sous contrôle judiciaire depuis 2017, l'homme de 52 ans a été menotté dans le box des accusés. Cette décision de mandat de dépôt vise à garantir sa présence pour la suite et répond à la gravité exceptionnelle des faits : 30 empoisonnements avérés, dont 12 mortels, sur des patients âgés de 4 à 89 ans.
Le mode opératoire d'un des "plus grands criminels de l'histoire"
Pour l'accusation, qui le qualifie d'un "des plus grands criminels de l'histoire", le mobile est clair : il ne s'agissait pas d'euthanasies, mais d'une volonté de puissance narcissique. Frédéric Péchier provoquait des arrêts cardiaques en polluant les poches de perfusion de ses collègues avec du potassium ou des anesthésiques locaux, afin d'intervenir ensuite en "sauveur" lors de la réanimation. Ce scénario macabre explique la série d'empoisonnements dans les cliniques de Besançon de 2008 à 2017, période durant laquelle l'accusé était en conflit ouvert avec d'autres praticiens.
Malgré les éléments à charge, Frédéric Péchier a maintenu sa ligne de défense jusqu'au bout, clamant son innocence et dénonçant une enquête à charge. "On me condamne sans preuve irréfutable", a-t-il soutenu durant les débats, reconnaissant seulement que des empoisonnements avaient eu lieu, mais commis par un tiers inconnu.
Le Parisien présente Frédéric Péchier comme "Cassant et inflexible lors des interrogatoires [...] l’accusé a versé des larmes le 5 décembre, en évoquant sa tentative de suicide en 2021, quand, ivre, il s’est défenestré alors qu’il vivait chez ses parents." Une posture qui n'a pas convaincu la cour face aux témoignages déchirants des victimes.
Un nouveau procès et l'attente des victimes
L'annonce de l'appel par maître Randall Schwerdorffer a un effet immédiat : elle suspend l'exécution définitive de la peine, mais pas la détention. Concrètement, cela signifie que tout le dossier sera réexaminé sur le fond lors du prochain procès de Frédéric Péchier en cour d'appel, qui ne devrait pas se tenir avant un ou deux ans. L'ancien médecin reste présumé innocent en attendant ce second jugement.
Pour les familles, les conséquences de l'appel de l'anesthésiste sont psychologiquement lourdes, car elles devront revivre l'épreuve des témoignages et des expertises. Cependant, un volet crucial ne sera pas suspendu : la justice a fixé au 22 juin 2026 l'audience sur les intérêts civils. Cette date marquera une étape décisive pour l'indemnisation des victimes de Frédéric Péchier, indépendamment de la procédure pénale en cours. En attendant, l'interdiction définitive d'exercer la médecine a également été prononcée, scellant la fin de sa carrière.