Casse du Louvre : pour Emmanuel Macron "les bijoux seront retrouvés"

Trois semaines après le "casse du siècle" survenu le dimanche 19 octobre au musée du Louvre et visant les joyaux de la couronne, pour un préjudice estimé à 88 millions d'euros, la Cour des comptes a publié jeudi 6 novembre un rapport au vitriol quant à sa gestion. Ce que la ministre de la Culture, Rachida Dati, avait admis, et qu'un panel de sénateurs avait pu constater en se rendant sur place.

On peut y lire dans l'introduction : "Le musée a privilégié les opérations visibles et attractives, comme les acquisitions d’œuvres et les réaménagements muséographiques, au détriment de l’entretien et de la rénovation des bâtiments et installations techniques, notamment de sûreté et de sécurité. De fait, le Louvre a accumulé un retard considérable dans la mise aux normes des infrastructures techniques et la restauration du palais." Ce rapport n'est que l'épilogue d'audits et inspections réalisés depuis plusieurs années.

Emmanuel Macron confiant pour le Louvre comme pour les bijoux

Le lendemain, vendredi 7 novembre, alors qu'il était (comme d'habitude diront les mauvaises langues...) en déplacement au Mexique, a été interrogé sur la situation par des journalistes de plusieurs pays d'Amérique latine, puisque l'affaire a fait le tour du monde. C'est au micro de la chaîne du groupe Televisa, géant des médias local, qu'il s'est montré rassurant, voire combatif : "Nous avons commencé à interpeller une partie de la bande qui a mené ce vol. Les bijoux seront retrouvés, ils seront arrêtés, ils seront jugés (les commanditaires, Ndlr)." Quant à l'édifice : "La sécurité du Louvre sera totalement repensée."

Le sort des bijoux plus qu'incertain d'après un criminologue

Le criminologue Éric Phelippot, a qui nous avons demandé ce qu'il pensait du sort des joyaux de la couronne, n'est pas de cet avis : "Pour les bijoux, il y a une forte probabilité qu'ils soient déjà démontés et fondus. Les chances de récupération restent faibles, surtout quand la revente ou la transformation ont eu lieu. Le réseau criminel est, je pense, un réseau intermédiaire, pas forcément de grands bandits ni des personnes missionnées par un commanditaire, style millionnaire collectionneur !"

Le profil des auteurs : un petit réseau ?

Éric Phelippot se lance dans l'hypothèse suivante : "Il est tout à fait possible que les délinquants aient eu l’idée de ce casse eux-mêmes et qu’ils en aient eu connaissance par opportunité, le lieu, la cible, le moment par un informateur intérieur complice. Il est aussi plausible qu’ils fassent parties d'un petit réseau qui a joué un rôle de coordination plus réfléchi pour écouler la marchandise ensuite. Les bijoux volés peuvent, maintenant, servir de valeur de garantie, de monnaie d’échange pour d’autres services, drogue, blanchiment, armes, du réseau. Le reste des délinquants du réseau s’occupent de l'écoulement. Les délinquants n'ont, je pense, pas réfléchis aux conséquences de leurs actes, ni la conscience des peines encourues."

Pourquoi les bijoux restent introuvables ?

Le criminologue revient sur le sort des bijoux : "Les voleurs ont certainement remis les bijoux aux autres complices du réseau et ne les ont plus en leur possession. Les bijoux peuvent avoir été déjà démontés (pierres redéployées, métal fondu) afin de dissoudre leur identité. Les délinquants ont été peut-être payés par un acompte ou une promesse de biens, drogue, crypto, dette réglée après leur peine s'ils étaient pris." 

Et il risque d'être difficile de faire parler les quatre mise en examen : "Le fait que personne ne parle est cohérent avec le fonctionnement des réseaux criminels surtout que des risques de sanctions internes existent, menaces, violence, ostracisme et le non-paiement de la mission."