Cambriolage du Louvre : ces éléments incohérents dans l’affaire

Publié par Matthieu Chauvin
le 04/11/2025
CCTV Casse du Louvre
Autre
© Fotogramma/IPA/ABACA
Une enquête menée par Libération met en lumière des failles béantes en matière de sécurité informatique au musée du Louvre. Les documents que nos confères ont pu consulter révèlent que la situation dure depuis des années. Certaines informations sont si invraisemblables qu'elles feraient hurler de rire si la situation n'était pas dramatique.
 

Il faut se pincer pour y croire ! Les premières révélations de Libération sur la sécurité du musée du Louvre après le cambriolage du 19 octobre sont invraisemblables. Qu'il s'agisse d'informatique ou de vidéosurveillance. Le 28 octobre, après une audition de la ministre de la Culture Rachida Dati par des membres du Sénat, celle-ci avait reconnu de graves dysfonctionnements

Une sénatrice "effarée" : "Je pensais que nous étions au siècle dernier"

Puis, les sénateurs s'étaient rendus sur le lieu du "casse du siècle" pour évaluer de visu la situation. La sénatrice écologiste de Gironde Monique de Marco, également vice-présidente de la commission culture du haut parlement au palais du Luxembourg, s'était dite "effarée" au micro de BFM TV. après avoir constaté l'état des dispositifs en place.

"Ce que j'ai vu c'est vraiment de l'obsolescence. On peut imaginer qu'il y a des salles de sécurité très équipées, là j'ai vu des caméras qui sont analogiques, des caméras numériques. Ceux qui gèrent la sécurité jonglent avec les deux, j'étais sidérée de voir le retard qui avait été pris pour la surveillance de ces lieux. Je pensais que nous étions au siècle dernier."

Le mot de passe du serveur informatique : "LOUVRE"

L'enquête de nos confrères rapporte qu'en 2014, un audit avait été réalisé par l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI) sur le système informatique qui gère la sécurité élémentaire du musée : contrôle des accès, alarmes, caméra, badges du personnel... Il avait révélé que le mot de passe qui "protégeait" l'accès au serveur de gestion de la vidéo surveillance était le suivant : "LOUVRE". 

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Or, même plus de 10 ans en arrière, on savait que les mots de passe les plus simples étaient aussi les plus faciles et les plus rapides à pirater. Et ce n'était pas le seul à pouvoir être cracké, puisque les experts de l'ANSSI avaient pu renter dans le système et s'approprier tout ce qui avait attrait à la sécurité.

Des logiciels d'un autre temps 

Toujours lors de cet audit, il avait été constaté que les logiciels systèmes utilisés sur les ordinateurs du musée étaient des versions de Windows... 2000 ! En 2014 ! Trois ans plus tard en 2017, nouvel audit de l'ANSSI : cette fois-ci, en plus de Windows 2000, l'agence s'aperçoit que Windows XP a été ajouté. Ce système d'exploitation a été créé en 2001. Le rapport qui découle de ce nouvel audit déplore plusieurs manquements : "des dysfonctionnements techniques" fréquents et "une maintenance négligée."

Autre reproche : le manque de renouvellement des mots de passe. Une pratique obligatoire dans n'importe quelle entreprise depuis des années ! Des documents auxquels Libération a eu accès démontrent également qu'entre 2019 et 2025, des systèmes obsolètes étaient toujours en service au musée du Louvre. Le quotidien a découvert que pas moins de huit logiciels "chargés de la vidéosurveillance, des contrôles d’accès et des serveurs informatiques sont privés de maintenance et de mise à jour. 

Et de citer un "logiciel développé par Thales, qui tourne sur un ordinateur sous Windows Server 2003. Or, Microsoft a cessé le support de Windows Server 2003 en 2015." Enfin, un rapport de la Cour des comptes pointe un problème de caméra, là aussi. Dans le secteur Richelieu : "les trois quarts des salles sont dépourvus d’équipement de vidéosurveillance." Est-ce que ces failles, notamment informatiques, ont permis aux quatre membres du commando d'agir plus facilement, en ont-ils eu connaissance ? L'enquête officielle n'en dit pour l'instant rien. Mais cela fait beaucoup d'éléments à charge contre la direction.

Sources : Libération, 01Net

 

 

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