Des tensions au ministère de l'Economie révélées par des fuites

Publié par Matthieu Chauvin
le 22/12/2025
Ministère de l'Economie Bercy
Istock
De "vives tensions" et une "vraie dispersion des responsabilités." Voici, d'après les révélations du Parisien, l'ambiance qui règnerait au sommet du ministère de l'Économie et des Finances. Alors que l'adoption indispensable d'un budget pour 2026 est plus que jamais menacée, ces désaccords et batailles d'egos font tache.

Des révélations très malvenues secouent ce matin les couloirs de Bercy. Alors que l'exécutif est engagé dans une course contre la montre pour tenter de faire adopter le budget 2026, l'ambiance au ministère de l'Économie et des Finances semble électrique. Selon des informations rapportées par Le Parisien, la situation de blocage parlementaire provoque un climat de confusion inédit, marqué par une interrogation lancinante :  "C'est qui le patron ?". Ces fuites mettent en lumière des failles de fonctionnement au moment même où la rigueur est de mise.

Une gouvernance floue au pire moment

L'article du quotidien francilien pointe du doigt une situation de flottement hiérarchique préoccupante. Il est fait état de "vives tensions" au sein de l'état-major de Bercy, illustrant une "dispersion des responsabilités au ministère de l'Économie" comme l'explique le président (LFI) de la commission des Finances à l’Assemblée Éric Coquerel qui ajoute : "Un Bruno Le Maire aurait pris tous les sujets." Au cœur du problème, la répartition des rôles entre les différentes têtes pensantes du ministère semble grippée. 

D'un côté semble-t-il, le cabinet de Serge Papin, ministre du Commerce, gère certains dossiers hautement politiques, tandis que de l'autre, Roland Lescure, ministre de L'Economie, focalise son action sur l'international et les entreprises. Cette dichotomie crée des zones de friction et un manque de clarté préjudiciables au but commun : le budget 2026. 

Bercy : y a-t-il un pilote dans l'avion ?

A la question "C'est qui le patron", ou peut ajouter la suivante, les connaisseurs auront la référence : y a-t-il un pilot dans l'avion ? Car à cette bataille de forts egos se mêle, toujours selon Le Parisien, Amélie de Montachalin, "qui a pris son autonomie sur le budget." Or, nos confrères rappellent qu'à l'habitude "Sous la plupart des précédents gouvernements, Bercy fonctionnait de manière verticale : un chef au sixième étage et des ministres délégués sous sa tutelle."

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Le Premier ministre Sébastien Lecornu aurait voulu changer cette hiérarchie, car il "tenait à rééquilibrer les jeux de pouvoir et d’influence." C'est réussi. A tel point qu'un ancien de la maison confie que le suivi des dossiers est devenu un sacerdoce : "Je dois échanger avec au moins trois ministres avant d’avoir une réponse. Ça fait trop d’interlocuteurs et on perd en coordination. Un grand Bercy, ça fonctionne mieux." 

Un collaborateur du ministère acquiesce : "Et pour être un ministre de l’Économie puissant, il faut avoir la main sur tout le paquebot." Roland Lescure appréciera...

Roland Lescure en retrait, le pouvoir aux fonctionnaires ?

Le Parisien révèle que le ministre de l'Economie est conscient de cette visibilité réduite. Son entourage affirme qu'il le sait, et que ce type de management "plus horizontal" est plus en phase à sa personnalité. Le résultat : "C'est qu'Amélie prend la lumière et que lui, on ne le voit pas", raille un député Renaissance.

Nos confrères indiquent que "la dissolution de l’Assemblée nationale à l’été 2024 a suscité une grande instabilité politique et une perte de pouvoir des membres du gouvernement face à des fonctionnaires de Bercy qui voient les ministres défiler, au fil des remaniements." Du coup, assure au autre collaborateur du paquebot : "Dans le contexte politique, Lescure et les autres se prennent régulièrement l’administration en pleine face qui se sent surpuissante et n’en fait qu’à sa tête."

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