Vous avez une climatisation ? Elle pourrait faire grimper votre taxe d'habitation

Publié par Clémence Apetogbor
le 20/08/2025
Illustration
Istock
En cause, une règle datant de 1975.
 

Avec la multiplication des épisodes de chaleur intense en France, nombreux sont les Français qui envisagent d'installer un système de climatisation dans leur logement. Ce choix peut avoir des conséquences fiscales, souvent peu connues. Cette situation particulière ne concerne qu’un petit nombre de départements, mais elle soulève une question d’équité fiscale.

Dans les départements d’outre-mer tels que la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane, la Réunion ou Mayotte, la simple installation d’un système de climatisation central peut entraîner une réévaluation de la valeur locative cadastrale du logement. Cette valeur, socle du calcul de la taxe foncière, est alors majorée pour chaque pièce équipée, ce qui entraîne une hausse de l’impôt.

Une réglementation de 1975 

Cette disposition trouve son origine dans une réglementation datant de 1975, qui classe la climatisation comme un élément de confort supplémentaire, donnant lieu à l’ajout de surface lors du calcul fiscal, comme le rappellent nos collègues de TF1 Info et L'Internaute. Concrètement, l’administration fiscale ajoute une surface de deux mètres carrés pour chaque pièce équipée d’un système de climatisation central (c’est-à-dire intégré dans les murs et le bâti). Ainsi, si la climatisation est présente dans le salon et dans une chambre, ce sont 4 mètres carrés ajoutés à la surface habitable, qui se traduiront ensuite par une revalorisation de la valeur locative du logement, donc par une taxe plus élevée.

On constate ainsi une différence de traitement notable entre les propriétaires de l'Hexagone, qui ne sont pas concernés, et ceux résidant dans ces cinq départements ultramarins, davantage exposés à des températures élevées. Le motif exact ayant conduit le législateur à faire cette distinction n’est aujourd’hui pas clairement documenté. Il semble qu’aucune justification officielle ou contexte spécifique ne permet de comprendre pourquoi les DOM‑TOM ont été les seuls concernés par cette "prime climatique" fiscale.

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Inégalité fiscale

Pour que cette disposition ait un impact réel, il faut encore que l’administration fiscale soit informée de l’installation. Dans ce cadre, certains travaux peuvent nécessiter une autorisation d’urbanisme auprès de la mairie. L’autorisation déclenche automatiquement une information vers les services fiscaux. C’est à partir de cette déclaration d’achèvement des travaux que le fisc peut mettre à jour la valeur cadastrale, en y incluant la superficie fictive supplémentaire, et ainsi recalculer la taxe foncière. En d’autres termes, l’augmentation ne sera effective que si l’administration en est avisée, soit volontairement, soit par le biais d’un document législatif obligatoire. Une omission pourrait ne pas aboutir à une régularisation immédiate, mais elle peut exposer le propriétaire à des pénalités financières en cas de contrôle ultérieur.

Cette particularité révèle aussi combien le calcul de la taxe foncière est obscur pour le grand public. Le mécanisme repose sur une estimation de ce que rapporterait le bien s’il était loué une année entière. Ce concept de valeur locative moyenne est affiné par la commune, qui applique différents coefficients selon l’état du bâti, l’âge, les équipements, le zonage, le revenu local, etc. L’adjonction fictive de surfaces par pièce climatisée représente donc une fraction infime dans le calcul global – mais reste perceptible, surtout dans des logements modestes ou sur des surfaces réduites. À cela s’ajoute l’inflation et les éventuels ajustements des taux communaux, qui tendent à peser toujours plus sur les ménages.

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