Patriotisme en hausse ou signal politique : pourquoi les drapeaux anglais et britanniques se multiplient au Royaume-Uni ?

Publié par Matthieu Chauvin
le 28/08/2025
Manifestation Angleterre
abacapress
© Splash News/ABACA
Une polémique enfle outre-Manche. Alors que les manifestations anti migrants prennent de l'ampleur, deux municipalités ont décidé de retirer le drapeau britannique des façades de leurs mairies. Les tensions raciales étant de plus exacerbées depuis plusieurs mois à cause d'un fait divers sordide, des militants d'extrême gauche jugent l'Union Jack provocateur, voire raciste. Le mouvement "Hissez les couleurs" a ainsi vu le jour en réponse à ces accusations.

Le 26 août, le leader de la droite populiste anglaise Nigel Farage, suspecté d'être antisémite pour ne rien arranger, a proposé d'expulser 600 000 migrants du pays. Il y a quelques mois, des manifestations organisées par des militants d'extrême droite devant des hôtels hébergeant justement des migrants ont dégénéré à Brimingham, grande ville du centre du pays. Ils étaient accusés d'agressions sexuelles par les manifestants. Que la police a réprimés pour ramener le calme.

Puis l'affaire des "grooming gangs", des proxénètes de la communauté pakistanaise, très nombreuse outre-Manche, qui auraient prostitué et violé des centaines de jeunes filles anglaises durant des années est revenue sur le devant de la scène. Les tensions raciales sont à leur maximum dans le Royaume.

"Hissez les couleurs" : les anglais sortent les drapeaux

Face à ces tensions, les conseils municipaux de Birmingham et de Tower Hamlets ont décidé de retirer le drapeau britannique, l'Union Jack (qui représentes les trois royaumes : Angleterre, Ecosse et Irlande), des façades de leurs mairies. Cédant aussi à la pression de groupes d'extrême gauche et représentants de minorités qui le jugent provocateur vu le contexte. 

C'est l'étincelle qui a lancé le mouvement "Hissez les couleurs" : en réponse, depuis plusieurs semaines, les habitants de plusieurs grandes villes dont Londres ou Newcastle, Birmingham bien sûr mais aussi de tout le pays, arborent les drapeaux britannique et anglais sur les devantures de leurs maisons, les ponts, les lampadaires par dizaines de milliers. 

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"Les britanniques contre-attaquent"

Parlons du drapeau anglais, différent de L'union Jack, que l'on peut voir sur tous les terrains de football ou de rugby dès que l'équipe nationale participe à un match. La "croix de saint Georges", c'est son nom, présente une croix rouge sur fond blanc. Rien d'extraordinaire jusque là. Sauf que comme nous l'apprend l'influenceuse que vous pouvez entendre dans la vidéo ci-dessous (anglais ou traducteur requis), il est perçu depuis très longtemps comme un symbole nationaliste et raciste par l'extrême gauche et certains citoyens irlandais et irlandais du Nord par exemple, le passé colonialiste n'y étant pas pour rien... 

Une perception que l'influenceuse s'attache à démonter avec vigueur : c'est tout simplement, comme tout drapeau national, une fierté et un signe de patriotisme, qui n'est pas un gros mot. 

Un mouvement qualifié "d'extrême droite" par la presse de gauche

Dans cette vidéo, on peut voir un journaliste interroger des citoyens de différentes cultures qui trouvent "ridicule" le fait de décrocher les drapeaux des édifices publics. L'influenceuse elle, dénonce le fait qu'un élu a déclaré avoir "peur" de faire de même avec les drapeaux palestiniens qui sont eux aussi visibles partout, mais restent place... 

Un deux poids, deux mesures, qui ne dérange pas la presse anglaise de gauche qui accuse le mouvement d'être alimenté par l'extrême droite, ce que ses instigateurs contestent. Un groupe Facebook affirme souhaiter par cette action "rétablir le patriotisme une bonne fois pour toutes", d'après Le Parisien.

Travaillistes et conservateurs au soutien

Le quotidien révèle qu'un "porte-parole du Premier ministre Keir Starmer a d’abord affirmé que ce dernier était 'un patriote" et que les Britanniques devaient "absolument' arborer les drapeaux britanniques et anglais." Mais, selon The Guardian, il a ensuite déclaré qu'il n'était pas au fait des initiatives prises à Birmingham et Tower Hamlets quand il a tenu ces propos... Le Premier ministre a corrigé, affirmant que "le patriotisme était toujours très important".

Le député du Parti Conservateur et ex-ministre d’État à l’Immigration, Rober Jenrick, a affiché son soutien sur X (comme... Elon Musk) : "Alors que les conseils municipaux qui détestent la Grande-Bretagne retirent nos drapeaux, nous les hissons. Nous devons être un seul pays, sous le drapeau de l’Union."

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Une récupération réelle de la part de l'extrême droite ?

Il semble que l'extrême droite anglaise ait bien saisi l'occasion, en fournissant notamment des milliers de drapeaux aux différents mouvements "Hissez les couleurs" comme l'a fait le parti nationaliste Britain First (la Grande-Bretagne d'abord), d'après le Times. Le Parisien reprend les affirmations de l’organisation antiraciste, Hope Not Hate, selon laquelle "le mouvement serait cofondé par Andrew Currien, actuellement en lien avec Britain First et ancien membre du groupe islamophobe d’extrême droite English Defence League." Mais de gauche à droite, la récupération, en politique, est un peu comme une seconde nature....

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