Natalité : les Français veulent toujours deux enfants mais ça ne va pas durer
La reprise de la natalité en France n'est pas pour demain, à en croire une étude publiée par l’Institut national des études démographiques (Ined) le mercredi 9 juillet 2025 qui indique en introduction que "l'indicateur conjoncturel de fécondité est passé de 2,0 enfants par femme en 2014 à 1,6 en 2024", soit une baisse de 20 % en 10 ans. Le 16 janvier 2024, le Président Emmanuel Macron avait annoncé en grandes pompes la mise en place d'un "nouveau congé de naissance" et d'un "grand plan de lutte contre l’infertilité" en vue d'un "réarmement démographique", usant de son habituel langage guerrier. La réalité le rattrape une nouvelle fois...
Les Français veulent toujours deux enfants mais en font moins
L’Étude des relations familiales et intergénérationnelles (Erfi 2)* menée par l'Ined compare notamment "le nombre idéal d’enfants dans une famille" et celui des "enfants souhaités." En 2024, le nombre idéal d'enfants dans une famille est de 2,3 en moyenne (- 0,4 points par rapport à 1998). Mais le nombre d'enfants souhaités par les femmes est bien inférieur : 1,9 pour celles âgées de 18 à 24 ans, 2 pour celles âgées de 25 à 34 ans. Pour un résultat concret de 1,6 enfant en moyenne par foyer comme vu précédemment.
La famille nombreuse n'est plus un projet
Si le nombre d'enfants idéal pour une famille comme le nombre d'enfants souhaité par les femmes tourne plus ou moins autour de 2, ce que l'enquête qualifie de "norme", la réalité est donc différente. L'Ined pointe aussi l'augmentation des foyers à enfant unique et de ceux qui n'en n'ont tout simplement pas. Mais fournit des statistiques qui appuient une consolidation de la "norme" :
- "tous âges confondus entre 18 et 49 ans, deux tiers (65 %) des femmes et des hommes considèrent 2 comme le nombre idéal d’enfants dans une famille, contre moins de la moitié (47 %) en 1998" ;
- "les réponses '3 ou plus' deviennent minoritaires (29 % en 2024, contre 50 % en 1998)" :
- "les réponses '0 ou 1' augmentent mais restent rares : en 2024 seul·es 6 % des répondant·es déclarent un nombre idéal d’enfants inférieur à 2."
Le désir d'enfant toujours présent mais pour combien de temps ?
Les données recueillies par l'Ined depuis 2005 cette fois semblent démontrer que le chiffre 2 pourrait prochainement être la limite pour un couple, au niveau du nombre d'enfants d'enfants souhaité. L'Institut remarque que : "La baisse des intentions de fécondité est beaucoup plus marquée pour les jeunes adultes de moins de 30 ans." Ce nombre "est passé de 2,5 à 1,9 enfant souhaité pour les femmes et de 2,3 à 1,8 pour les hommes. Comme pour l’ensemble des adultes, la moitié des jeunes de 18 à 29 ans envisagent d’avoir exactement 2 enfants, mais les réponses '0 ou 1' dépassent désormais les réponses '3 ou plus'."
L'incertitude gagne du terrain et repousse les naissances
Autre donnée remarquable, signe des temps : "La proportion de jeunes adultes qui sont incertain·es quant au fait de savoir s’ils ou elles veulent avoir des enfants est élevée : parmi les personnes sans enfant, 17 % des moins de 25 ans et 20 % des 25-29 ans hésitent sur la réponse à apporter à la question." Ce qui retarde la natalité est connu : "Parmi les personnes de 25 à 39 ans, soit les âges auxquels la plupart des parents ont des enfants, les intentions de fécondité ont diminué dans tous les groupes sociaux, quels que soient le sexe, l’âge, le pays de naissance, le niveau de diplôme, la catégorie socioprofessionnelle ou le niveau de vie." Pour cette même tranche d'âge, l'Ined fait un rapprochement avec les inquiétudes liées aux problématiques suivantes : "le changement climatique, la crise économique, l’affaiblissement de la démocratie, et – de manière plus globale – les perspectives pour les générations futures." Les 25-39 sont près de 50 % à se dire très inquiets, contre 15 % seulement à se dire "pas très" inquiets ou "pas du tout." Mais l'évolution de la société peut aussi motiver des naissances tardives : "La naissance éventuelle d’un premier enfant s’inscrit dans un ensemble de futurs possibles dont beaucoup (vie de couple, résidence, emploi, autres activités) sont encore ouverts avant 35 ans."
Pour finir, l'Ined rapporte que "La baisse de la fécondité observée ces dernières années semble destinée à se poursuivre. Cependant, l’indice conjoncturel de fécondité de la France restera vraisemblablement supérieur à la moyenne européenne actuelle de 1,4 enfant par femme."
*L’Étude des relations familiales et intergénérationnelles (Erfi 2,) a été conduite par l’Ined par téléphone et Internet en 2024 auprès d’un échantillon représentatif de 12 800 hommes et femmes âgé·es de 18 à 79 ans résidant en logement ordinaire en France hexagonale.