Pourquoi le taux de naissances continue de baisser en France, selon une étude

Publié par Matthieu Chauvin
le 28/11/2025
Couveuses vides
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L'Insee sonne l'alarme : le nombre de naissances en France a encore chuté de 2,3 % sur les dix premiers mois de 2025, atteignant un triste record depuis la Seconde Guerre mondiale. Face à ce bilan démographique très inquiétant, le gouvernement a validé la création d'un nouveau congé dédié. Encore faut-il comprendre les raisons de ce phénomène.

Le constat est sans appel et les chiffres de l'Insee sur la chute des naissances en 2025 confirment une tendance lourde. Avec une estimation tombée sous le seuil le plus faible enregistré depuis 1945 selon La croix, la France fait face à une véritable crise démographique. Après être passé sous la barre des 700 000 en 2023 (660 800 exactement), le nombre de nouveaux-nés continue de s'effondrer.

Cette spirale négative a des conséquences directes. Le solde naturel, qui correspond à la différence entre les naissances et les décès, n'a été que de + 17 000 en 2024, un niveau historiquement bas. L'impact de la baisse de la natalité sur ce solde naturel est tel qu'en mai 2025, les courbes se sont même croisées, avec plus de décès que de naissances enregistrés sur le mois.

Quels sont les chiffres qui inquiètent ?

Les dernières données provisoires de l'Institut national de la statistique, arrêtés en octobre, sont particulièrement éloquentes. Sur les dix premiers mois de 2025, la France a enregistré une baisse des naissances de 2,3 % par rapport à la même période en 2024. Cette situation prolonge une crise entamée depuis plusieurs années.

L'indicateur conjoncturel de fécondité, déjà à son plus bas niveau depuis la Première Guerre mondiale, s'établissait à 1,62 enfant par femme en 2024, bien loin du pic de 2,02 atteint en 2010. Cette érosion est au cœur des préoccupations des démographes et des pouvoirs publics, comme dans de nombreux pays européens où la situation est encore pire, à l'image de l'Italie par exemple. Sans parler du Japon depuis de très nombreuses années, ou même des Etas-Unis et de la Chine, qui commencent aussi à prendre des mesures.

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Comment expliquer ce recul de la natalité ?

Si le déclin est national, le pourcentage de baisse des naissances dans les régions françaises révèle de fortes disparités. Les zones les plus peuplées sont souvent les plus touchées, comme les Hauts-de-France (- 4,3 %), l'Auvergne-Rhône-Alpes (- 2,7 %) ou l'Île-de-France (- 2,4 %). Quelques exceptions toutefois, avec une légère hausse en Pays de la Loire (+0,1 %) et à La Réunion (+1 %), indique Le Figaro.

Derrière les statistiques se cachent des facteurs sociaux complexes. Les experts pointent une atmosphère d'incertitude économique et géopolitique, entre l'inflation et la guerre en Ukraine, qui freine le désir de parentalité. Et il y a également la peur des plus jeunes face au changement climatique et l'avenir de notre planère, d'un point de vue écologique. Une étude de l'Ined a également mis en lumière de nouvelles aspirations et un recul du désir d'enfant. Face à cette tendance, le président de la République avait appelé à un "réarmement démographique" début 2024, une des mesures concrètes étant ce nouveau congé.

Le "congé de naissance", comment ça marche ?

Approuvé par l'Assemblée nationale en novembre 2025 (288 voix pour, 15 contre) et voté par le Sénat le lundi 24, le nouveau "congé de naissance" a pour but de rendre la parentalité plus attractive. Il ne remplace pas le congé parental actuel, mais vient s'ajouter aux congés maternité (16 semaines) et paternité (28 jours) existants.

Chaque parent pourra prendre un à deux mois de congé supplémentaire, à utiliser dans les neuf mois suivant la naissance ou l'adoption de l'enfant. L'objectif est clair : mieux rémunérer cette période pour la rendre accessible à tous, contrairement au congé parental actuel dont l'indemnité avoisine les 400 euros par mois. L'indemnité envisagée est bien plus incitative : 70 % du salaire net pour le premier mois, puis 60 % du salaire net pour le second révèle Public Sénat. Initialement prévue pour 2027, son entrée en vigueur a été avancée au 1er janvier 2026 grâce un amendement "défendu par Sarah Legrain (LFI)" nous apprend Sud-Ouest.

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