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Dans un contexte tendu et une société contrastée, les Français sont moins disposés à faire des enfants dans le monde moderne. C’est, en tout cas, ce que révèlent les récents chiffres de la natalité dans l’Hexagone, après une pandémie ayant impacté les modes de vie et des crises sociales successives. En pleine ère de réchauffement climatique et alors que les incertitudes sur le futur prédominent, le pays subit actuellement une baisse de la natalité inédite depuis la Seconde Guerre mondiale. La crainte d’un vieillissement accéléré de la population s’impose donc désormais et pourrait avoir des conséquences sur les retraites. Explications.
Natalité : des chiffres inquiétants
Selon une récente étude de l’Insee, publiée le 28 septembre dernier, les chiffres de la natalité, en France, sont les plus mauvais enregistrés depuis la Seconde Guerre mondiale. L’année passée, ce sont, en effet, 726 000 bébés qui sont nés en France, soit une chute de 7% sur les huit premiers mois de 2023, alors que le taux enregistré en 2022 était déjà inédit. D’après ces tendances, les démographes sont inquiets pour l’avenir et notamment face aux prochains chiffres préssentis comme étant encore plus bas, et donc plus inquiétant.
Comme le rapportent nos confrères de France 24, la cheffe de la division enquêtes et études démographiques de l’Insee, Chloé Tavan, se montre particulièrement préoccupée “si cette tendance se poursuit”. D’après son analyse, “le nombre de naissances devrait passer sous la barre symbolique de 700 000 en 2023”. Une perspective confirmée par Didier Breton, professeur de démographie à l’université de Strasbourg, qui évoque une “année 2023 [qui] risque de marquer un nouveau plus bas historique, un vrai décrochage”.
Natalité : une influence sur les retraites ?
Alors que le risque d’un vieillissement démographique est important, des décisions pourraient être prises afin de l’anticiper, notamment au niveau des systèmes de retraite, mais aussi d’une population désormais plus âgée. Alors que le nombre moyen d’enfants par femme, estimé à 1,8, était encore préservé par rapport au reste de l’Europe, Didier Breton confirme que la France “converge vers un modèle de fécondité qu’on observe en Europe, de 1,5 enfant par femme”.
Dans cette configuration, la France se rapproche peu à peu des autres pays membres de l’Union Européenne comme l’Espagne, l’Italie, l’Allemagne ou encore la Pologne, qui ont connu un net recul des naissances entre 2021 et 2022. Même si les Français demeurent des “champions de la natalité en Europe”, l’inquiétude commence à se développer.
Natalité : quelles causes et conséquences ?
Pour expliquer cette baisse des naissances, l’inflation est régulièrement mise en avant, tout comme les conditions de logement, mais aussi les nombreuses incertitudes du monde actuel, qu’elles soient géopolitiques ou climatiques. De plus en plus de jeunes Français expliquent également aujourd’hui vouloir préserver la planète et ne pas faire d’enfant comme un chemin écologique.
La reprise d’une hausse des naissances pourrait aussi devoir se frotter à une montée de l’infertilité à travers le monde. Elle touche, en effet, une personne sur six et n’épargne désormais aucun pays. L’étude de l’Insee pointe, par ailleurs, une tendance à la natalité tardive avec un accroissement de l’âge moyen porté à 31,2 ans contre 26 ans dans la seconde moitié des années 1970.