L’assurance retraite réclame une fortune à cette ex-infirmière
Patricia Grand, 54 ans, a exercé pendant plus de 20 ans comme infirmière hospitalière, notamment en pédiatrie. En 2014, au bord du burn-out, elle décide de quitter la fonction publique. “Le système ne me convenait plus”, confie-t-elle dans les colonnes du Figaro. Grâce à ses années de service et ses trois enfants, elle pense pouvoir toucher une retraite partielle tout en poursuivant sa carrière dans le privé.
"Ils m’ont demandé si je souhaitais toujours partir, j’ai dit “oui” et il a été décidé que je travaillerai jusqu’au 31 décembre pour avoir une année complète", poursuit l’infirmière. À l’époque, tout lui semble clair. Elle fait une simulation avec son employeur, le CHU de Dijon, qui lui annonce une pension autour de 980 euros. Puis, finalement, ce sera 650 euros. Elle accepte malgré tout, et commence un nouveau poste le 5 janvier 2015, au sein d’un centre de recherche. Elle pense pouvoir continuer à cotiser et préparer l’avenir. Mais un détail va tout changer.
Une nouvelle loi en vigueur
Ce que Patricia ignorait, c’est qu’une nouvelle loi sur le cumul emploi-retraite entrait en vigueur le jour même de son départ, le 1er janvier 2015. Depuis cette date, les agents publics qui reprennent un emploi dans un autre régime ne peuvent plus acquérir de nouveaux droits à la retraite. De plus, au-delà d’un certain seuil de revenus annuels, ils doivent rembourser les pensions perçues.
Pendant des années, Patricia n’en saura rien. Ce n’est qu’en octobre 2023 qu’elle reçoit un premier courrier de la CNRACL, sa caisse de retraite. “En octobre 2023, j’ai reçu un courrier de la CNRACL m’expliquant que je n’avais pas le droit de cumuler emploi et retraite, et que je devais rembourser le trop-perçu”, raconte Patricia Grand. “À moins qu’elle ne justifie d’avoir travaillé pendant le Covid : “ce qui est mon cas, donc j’ai envoyé tous les justificatifs”, rapporte Le Figaro.
Puis, en octobre 2024, la nouvelle tombe. Ses revenus ont dépassé le plafond autorisé. Elle doit rembourser 7 996,32 euros. “Pour une seule journée, je perds tout. Pour moi, c’est l’effondrement.” “Si j’avais su, j’aurais tout simplement démissionné et j’aurais attendu ma retraite comme tout le monde”, déplore-t-elle.
Une double peine
Ce remboursement n’est qu’une partie du problème. Patricia découvre aussi que depuis 2015, toutes ses cotisations sont versées inutilement. Sa retraite ne sera jamais revalorisée, tant qu’elle travaille. Elle a écrit jusqu’à l’Élysée qui lui a répondu : “La Présidence ne peut se substituer aux autorités compétentes.”
"À l’heure actuelle, cela fait 31 ans que je suis infirmière et malgré mon burn-out, je n’ai jamais cessé de travailler", confie la quinquagénaire. Aujourd’hui, elle envisage un recours au tribunal administratif. “Il faut un avocat, mais ça a un coût. Et je ne peux pas arrêter de travailler : j’ai deux enfants encore étudiants.”
Il ne lui reste que deux options : travailler sans espoir de retraite ou vivre avec 650 euros par mois. “Je continue d’avancer, mais je ne cesse d’y penser, en me levant le matin et en me couchant le soir. C’est très compliqué”, conclut-elle.