À 73 ans, elle entame une grève de la faim pour que la justice agisse contre son squatteur

Publié par Matthieu Chauvin
le 28/10/2025
Place Royale Nantes
Istock
Illustration
C'est ici, place Royale à Nantes, qu'une septuagénaire a entamé vendredi 24 octobre une grève de la faim pour faire connaître sa situation. Alors qu'elle avait loué une des chambres de sa maison familiale à un individu, celui s'est approprié tout la demeure en "siliconant" les serrures de toutes les portes d'entrée. Un nouveau cas de squat incompréhensible alors qu'une loi est censée faciliter les procédures d'expulsions.

Qu'elle est belle cette place Royale de Nantes ! Elle tranche avec le triste état dans lequel se trouve Marie-Claude Cheval, une retraitée de 73 ans, qui a décidé de s'y installer en permanence pour y démarrer, munie d'une simple gourde, une grève de la faim qui ne cessera que lorsqu'elle aura récupéré sa maison, squattée par un locataire malveillant

Sur la pancarte qu'elle tient entre ses mains (la septuagénaire est tout de même soutenue par des passants touchés par sa situation), on peut lire : "Grève de la faim, je n'ai plus accès à ma maison". Depuis, de nombreux médias se sont intéressés à son histoire pour faire bouger les choses. Car les cas de squats se multiplient partout, certains particuliers n'hésitant plus à payer des "gros bras" pour faire partir les locataires indésirables, en toute illégalité. 

Une situation qui dure depuis des mois

En février 2025, Marie-Claude, héritière de la demeure de ses parents, qui habite un appartement à Saint-Herblain, une commune de la périphérie, cherche un complément de revenu. Comme le rapporte Cnews, elle est mise en contact - "grâce à une association de quartier qu’elle fréquentait" - avec l'individu qui ensuite va la flouer. Elle explique :"On m'a proposé, fortement recommandé de louer une chambre à un homme qui venait de trouver du travail."

Elle décide de lui louer une chambre au sein de la maison familiale, dans le quartier du Breil, à Nantes même. Tout est fait dans les règles, la retraitée rédige un bail en bonne et due forme. Les deux premiers loyers, d'un montant de 450 euros par mois, sont réglés. Puis ce ne sera plus que la moitié de la somme, puis plus rien.

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Elle fait changer la serrure pour rien

Face à cette situation, Marie-Claude ne se laisse pas faire. Elle contacte son avocat pour respecter la loi et fait changer la serrure en suivant son conseil. Résultat : l'homme va se venger. "Il m’a dit qu’il voulait plus que je rentre et puis c’est tout. Il m’a dit qu’il était chez lui. Il a siliconé les autres serrures. Il a gardé que celle par laquelle il a accès à la maison" raconte-t-elle à RMC. L'individu rentrerait parfois en douce par la cuisine, dont il a conservé la télécommande du volet roulant.

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Bien évidemment, elle ne perçoit plus aucun loyer, a fait constater cet état de fait par un commissaire de justice (ex-huissier) et même écrit aux autorités locales :"Lettre recommandée, conciliateur, médiateur de la mairie, maison de la tranquillité publique et les élus." Sans succès. Et la trêve hivernale débutera le 1er novembre. "J’ai plus confiance en rien. Plus dans la justice, plus dans la police. Que la justice soit pour ces gens-là, je ne comprends pas, qu’on ne puisse rien faire contre ça, ce n’est pas normal" déplore Marie-Claude au micro de nos confrères. 

Contacté, le locataire s'estime dans son bon droit

France 3 Pays de la Loire a réussi à contacter le "locataire." Qui a répondu aux sollicitations : "Tout ce que je peux vous dire, c'est que je n'ai rien à me reprocher [...] Elle m'a envoyé un cabinet d'huissier, il y a un mois de ça, je leur ai envoyé toutes les preuves comme quoi je payais mes loyers. Depuis, je n'ai plus de nouvelles, donc ça, c'est en règle. Et maintenant, c'est l'avocat qui va s'occuper du reste."

Marie-Claude, qui souhaitait déposer plainte, a été devancée, c'est là que tout se complique. L'individu persiste et signe : "Il y a déjà une plainte qui date du mois de mai pour violation de domicile, une plainte qui date du mois de juillet parce que madame s'est présentée à mon domicile pendant que je n'étais pas là et a forcé la porte de la véranda pour pouvoir voler mes clés qui étaient sur la serrure."

"Madame, elle vient quand je ne suis pas là"

Quant à savoir pourquoi il a bouché les serrures au silicone : "Je l'ai fait pour pas qu'elle vienne me déranger, parce que moi, pendant que je suis au travail, madame, elle rentre comme elle veut ici". Et, à la question de connaître la raison pour laquelle il interdit l'accès à l'ensemble de la maison à sa propriétaire quand lui n'est censé y louer qu'une chambre, il ne se démonte pas : "Je ne lui ai jamais interdit de venir. C'est que voilà, madame, elle vient quand je ne suis pas là. Mais en plus, quand elle vient, elle rentre, mais sans frapper, sans sonner. Comme si vraiment, elle habitait avec moi."

La complexité de cette affaire, malgré le vote de la loi Kasbarian "anti-squat" de 2023, est qu'il ne s'agit pas là d'un squat avec "voie de fait", c'est-à-dire pénétration dans le domicile par effraction puis occupation. Mais d'un "contentieux" locatif puisqu'un bail a été signé. Au lieu de se régler en 72 heures comme le prévoit le texte (mais ces 72 heures sont souvent dépassées pour laisser le temps aux expulsés de s'organiser ou se faire aider), cela pourrait prendre plusieurs mois... voire plus.

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